2 mars 2007 - Un juge de l’Etat de São Paulo a étendu de soixante jours, soit jusqu’au 10 mai, la date définitive d’expulsion des familles vivant dans l’immeuble de Prestes Maia. Sa décision fait suite à plusieurs requêtes déposées auprès de lui, dont une demande formulée par le policier chargé de l’opération d’expulsion, qui a affirmé que cette dernière mettrait en danger des femmes et des enfants et laisserait des familles sans logement.
À la suite de ce jugement, et face aux fortes pressions exercées par des manifestants rassemblés dans le centre de la ville de São Paulo depuis le 1er février, ainsi qu’à l’inquiétude exprimée par la communauté internationale, la municipalité a signé le même mois un accord avec les habitants de cet immeuble. Elle s’est engagée à reloger toutes les familles dans le cadre d’un programme d’urgence: celles-ci seront placées dans des logements de location pendant six mois, et la municipalité les aidera à payer leur loyer. Pendant cette période, elle trouvera des habitations permanentes pour la totalité des 468 familles vivant actuellement dans l’immeuble de Prestes Maia, conformément à leurs besoins.
Amnesty International se félicite de l’engagement de la municipalité en vue de réinstaller de façon permanente les habitants de l’immeuble de Prestes Maia dans des logements appropriés. L’organisation continuera de contrôler la situation de ces familles, afin de veiller au respect de cet accord.
Cependant, elle demeure préoccupée par certaines informations selon lesquelles le cas de Prestes Maia est révélateur de problèmes plus graves auxquels sont confrontées les familles de l’État de São Paulo qui sont sans abri ou qui logent dans des structures temporaires. Des organisations œuvrant en faveur des sans-abri au Brésil ont signalé à Amnesty International que plus d’un millier de familles vivant à São Paulo sont menacées d’expulsion, car la municipalité interrompt des programmes d’urgence destinés à les aider à payer leur loyer.
Informations complémentaires
Selon le rapporteur spécial des Nations unies sur le logement convenable, on estime à 10000 le nombre de sans-abri qui vivent actuellement dans les rues de São Paulo. Cette ville souffre d'un manque chronique de logements pour les familles à faibles revenus, qui sont souvent contraintes de vivre dans des bidonvilles, en banlieue. Avec le soutien d'ONG locales, ces familles ont commencé à occuper illégalement des bâtiments vides. Ces initiatives ont donné lieu à une série d'expulsions violentes, au cours desquelles la police antiémeutes a fait usage de matraques, de gaz lacrymogène, de gaz poivre et de balles en caoutchouc. En août 2005, 79 familles occupant un immeuble de cinq étages rua Plínio Ramos, dans le centre-ville, ont été chassées par les forces antiémeutes. Au cours de l'opération, la police a ordonné à toutes les femmes de quitter les lieux avec les enfants en bas âge, puis est entrée dans le bâtiment et a frappé plusieurs hommes et adolescents, les plus jeunes ayant à peine quatorze ans. Les autorités municipales ont procédé à quatre autres expulsions en 2005; au cours de certaines d'entre elles, la police antiémeutes a été envoyée et a usé d'une force excessive.