Leur condamnation porte un coup à l'impunité. Le 25 février 2011, un tribunal de São Paulo a reconnu Estevão Romero, Carlos Roberto dos Santos et Jorge Cristaldo Insabralde coupables d’actes de torture, enlèvement et constitution de bande criminelle armée et les a condamnés à 12 ans et trois mois de prison. Ils ont cependant été acquittés de l’accusation d’homicide; tous les trois vont faire appel de leur condamnation et ont été laissés libres.
Bien que cette décision de justice ne marque pas le tournant qu’avaient espéré les Guaranis-Kaiowás, elle représente malgré tout une première étape cruciale après des années d’impunité accordée aux auteurs d’actes de violence contre des populations indigènes. Le ministère public a adressé un message fort pour dire que les agressions contre des populations indigènes ne seront plus tolérées et que d’autres poursuites pourraient avoir lieu.
Vingt-quatre autres hommes, parmi lesquels le propriétaire de la ferme dans laquelle Marcos Veron a été tué, ont été inculpés dans l’État du Mato Grosso do Sul. Si justice doit être véritablement rendue, il faut que ces hommes soient déférés devant les tribunaux dans les plus brefs délais.
En janvier 2003, Marcos Veron, 73 ans, qui avait mené la réoccupation pacifique de sa terre ancestrale, a été attaqué par un groupe d’une trentaine d’hommes et a reçu un coup de crosse à la tête alors qu’il se trouvait à terre. Il est décédé un peu plus tard d’un traumatisme crânien. Son exemple est devenu emblématique de la violence subie par les Guaranis-Kaiowás qui tentent de faire respecter leurs droits constitutionnels à la terre de leurs ancêtres.
L’État du Mato Grosso do Sul reste un point central de violence et de discrimination contre les populations indigènes au Brésil. Au cours de ces dernières années, les communautés Guaranis-Kaiowás de Y’poí, Ita’y Ka’aguyrusu et Kurusú Ambá dans le sud de l’État ont été harcelés et attaqués par des hommes de main armés. En dépit des efforts des procureurs fédéraux pour accélérer la reconnaissance des droits des populations indigènes à leurs terres ancestrales, le processus n’avance pas.
Les autorités fédérales doivent à présent redoubler d’efforts pour faire avancer le processus de démarcation des terres indigènes qui aurait dû être fait depuis longtemps. Cette absence de démarcation fait courir à quantités de communautés le risque de nouvelles atteintes à leurs droits fondamentaux.
Amnesty International demande également aux autorités de mener des enquêtes approfondies et indépendantes sur les activités de sociétés de sécurité privées qui agissent depuis longtemps en toute impunité et sont impliquées dans de nombreux actes de violence et d’intimidation à l’égard des populations indigènes.