À compter du 6 novembre 2012, des ONG locales et Amnesty International distribueront quelque 50 000 dossiers d'information à des personnes vivant dans des bidonvilles de la zone de Maré, à Rio. Cette action, intitulée «Nous sommes de Maré et nous avons des droits», vise à prévenir le genre de violations des droits humains qui ont été perpétrées lors de récentes opérations de ce type. Les dossiers d'information contiennent des renseignements sur les droits et devoirs des habitants des bidonvilles au cas où des policiers viendraient à leur rencontre.
«Nous voulons en finir avec la notion selon laquelle tout est permis parce que l’État fait la "guerre" au crime organisé. Cela suppose notamment de mettre un terme aux atteintes aux droits des résidents des zones où la police s’installent», a expliqué Átila Roque, directeur de la section brésilienne d’Amnesty International.
Une opération gouvernementale qui doit bénéficier à tous les citoyens
Le gouvernement fédéral et les autorités de l'État travaillent de concert afin de «pacifier» des zones à forte criminalité dans les favelas de Rio de Janeiro d’ici à 2014. Parallèlement au fait de rétablir l’ordre dans des zones précédemment aux mains de bandes criminelles et de milices, ce programme a pour but d’amener dans certains des quartiers les plus défavorisés de la ville des services sociaux qui leur font cruellement défaut.
«Les opérations de police visant à ramener le calme dans les secteurs où la criminalité est élevée ne sont justifiables que si elles permettent de garantir les droits de l’ensemble des citoyens, à commencer par les habitants des bidonvilles.»
Un panneau inclus dans le dossier dresse une liste des actions policières considérées comme inacceptables, notamment : entrer chez des particuliers sans mandat ; pratiquer une discrimination à l’égard de personnes pour quelque raison que ce soit ; ou encore mettre la vie des résidents en danger en utilisant des armes à feu dans des zones densément peuplées.
«La ville doit appartenir à tous»
«L’objectif de cette action est de renforcer la position des personnes vivant dans les favelas, et de leur permettre ainsi de jouer un rôle actif dans leur propre protection et celle de leurs voisins», a précisé Eliana Silva, directrice de Redes de Desenvolvimento da Maré.
«Notre hypothèse de départ est que la ville doit appartenir à tous. Nous ne pouvons tolérer qu’un policier traite les résidents différemment selon la couleur de leur peau, leurs préférences sexuelles, leur apparence physique ou leur classe sociale – que ce soit à Maré ou dans des zones mieux loties de la ville», a déclaré Jaílson Silva, coordonnateur général de l’Observatório de Favelas.
«Nous voulons que les gens s’approprient la ville et soient informés de leurs droits, première étape pour que chaque personne puisse circuler librement en toute sécurité, en commençant par son propre quartier.»