Des dizaines de manifestants indigènes, dont de nombreux enfants, ont déjà été blessés lorsque, selon certaines informations, les forces de sécurité colombiennes ont eu recours à une force excessive contre les manifestations, qui ont débuté le 12 octobre 2013 et se poursuivent dans plusieurs régions du pays.
Les craintes de voir survenir de nouvelles violences ont été renforcées la semaine suivante lorsque le groupe paramilitaire Rastrojos a appelé à une «épuration sociale» des responsables et des groupes indigènes participant aux manifestations.
Protéger les manifestants
«Les autorités colombiennes doivent faire en sorte que les violences contre les manifestants cessent et veiller à ce que les menaces proférées par des groupes paramilitaires et les allégations de recours à une force excessive fassent sans délai l'objet d'enquêtes exhaustives », a déclaré Marcelo Pollack, spécialiste de la Colombie au sein d'Amnesty International. Les responsables doivent être traduits devant la justice civile, et non militaire.»
Depuis le 12 octobre 2013, des milliers d'indigènes manifestent dans plusieurs régions de Colombie. Ils réclament le respect de leurs droits, de plus en plus menacés par l'industrie minière et pétrolière et d'autres acteurs économiques, qui empiètent sur leurs terres ancestrales.
Coups, bombes lacrymogènes et projectiles
Le 16 octobre, une unité antiémeute de la police a dispersé une manifestation indigène qui bloquait la route conduisant à Buenaventura, dans le département du Valle del Cauca. Il semble que la police ait lancé des bombes lacrymogènes, dont certaines auraient été remplies de projectiles, directement sur les manifestants et les ait frappés à plusieurs reprises.
Plus de 60 personnes ont été blessées, dont 16 grièvement. La police antiémeutes aurait empêché pendant plusieurs heures les blessés de se faire soigner. Les menaces visant les responsables indigènes interviennent alors que les forces de sécurité colombiennes semblent avoir recours à une force excessive.
Menaces de mort
Dans un message écrit datant du 15 octobre, le groupe paramilitaire a menacé de mort, en les nommant précisément, des responsables et des organisations indigènes des départements du Cauca, de Caldas, de Risaralda, de La Guajira, de Huila et d'Antioquia.
Les paramilitaires ont dit aux manifestants de rentrer chez eux dans les 24 heures, faute de quoi ils seraient considérés comme des cibles militaires et seraient marqués pour être exécutés lors d'une opération d'«épuration sociale». Les paramilitaires ont affirmé que les manifestants indigènes étaient utilisés comme de la «chaire à canon» par les guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
Les inquiétudes d’Amnesty International
Amnesty International est préoccupée à l'idée que la récente réforme de la justice militaire, qui rendra pratiquement impossible le fait de traduire en justice des membres des forces de sécurité impliqués dans des violations des droits humains, pourrait avoir eu pour effet d'enhardir policiers et militaires, qui n'auraient plus hésité user d'une force excessive contre les manifestants.
L'organisation prie instamment les autorités civiles colombiennes d'enquêter de façon indépendante sur toutes les allégations de recours à une force excessive par les forces de sécurité et sur les menaces de mort proférées par des paramilitaires et visant des responsables et des organisations indigènes.