Les autorités colombiennes ont accepté plusieurs recommandations, émises par des États membres du Conseil, qui concernaient souvent la lutte contre l’impunité ainsi que la protection des civils pris dans le conflit.
«L’acceptation en public de ces recommandations contraste avec les actes du gouvernement et certains aspects de la politique gouvernementale», a déclaré Marcelo Pollack, chargé des recherches sur la Colombie à Amnesty International.
Amnesty International considère qu’agissant seules ou en collaboration avec des groupes paramilitaires, les forces de sécurité se sont rendues coupables de graves atteintes aux droits humains.
Des lois contrastant avec ces engagements
«La nouvelle loi ouvre la voie à l’impunité en permettant plus facilement aux tribunaux militaires d’exercer leur juridiction en cas d’atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire perpétrées par les forces de sécurité colombiennes», a déclaré Marcelo Pollack.
D’autres lois, telle que le Cadre juridique pour la paix adopté par le Congrès l’année dernière, permettent aussi aux autres parties au conflit d'échapper à la justice pour les graves atteintes aux droits humains qu’elles commettent.
Par exemple, Amnesty International s’est inquiétée publiquement des incursions de groupes paramilitaires dans des zones humanitaires du bassin du fleuve Cacarica, dans le département du Chocó.
En attente d’un accord de paix
Le gouvernement colombien est actuellement en négociation avec le groupe de guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), à La Havane, à Cuba.
Les pourparlers avec le deuxième plus grand groupe de guérilla de la Colombie, l’Armée de libération nationale (ELN), pourraient démarrer bientôt.
«Pour qu’une paix véritable s’installe, il faut que toutes les parties s'engagent, de manière vérifiable, à mettre fin aux violations des droits humains et aux atteintes au droit international humanitaire», a déclaré Marcelo Pollack.
Autre source de déception
Amnesty International a également exprimé sa déception face à la décision du gouvernement colombien en juillet de ne renouveler que pour une année le mandat du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies en Colombie.
«Le rôle joué par le bureau en Colombie a été essentiel ; au fil des années, il a sauvé de nombreuses vies et apporté son soutien au travail inestimable des défenseurs des droits humains, a déclaré Marcello Pollack. Le Bureau pourra jouer un rôle tout aussi important si un accord de paix est mis en place : cette vigilance internationale permettra que les droits humains sont respectés.»
Amnesty International espère qu’après les élections de l’année prochaine le nouveau gouvernement, quel qu’il soit, renouvellera le mandat du Bureau pour une période de trois ans, montrant ainsi son acceptation d'une vigilance internationale.