Les dames en blanc, épouses de dissidents politiques détenus à Cuba, manifestent pour la libération de leurs proches à La Havane. © Carlos Serpa Maceira
Les dames en blanc, épouses de dissidents politiques détenus à Cuba, manifestent pour la libération de leurs proches à La Havane. © Carlos Serpa Maceira

Cuba Cuba doit libérer immédiatement tous les prisonniers d’opinion

12 juillet 2010
Après l’annonce par les autorités, le 7 juillet 2010, de la libération prochaine de 52 prisonniers, Amnesty International appelle le gouvernement cubain à libérer immédiatement la totalité des prisonniers d’opinion détenus dans le pays.

 

Selon l’accord annoncé le 7 juillet par des responsables religieux, cinq des 52 détenus, dont les noms ne sont pas encore connus, doivent être libérés très prochainement, tandis que les autres le seront d’ici trois à quatre mois.

«Nous saluons cet engagement, mais il n’y a pas de raison que cet accord ne s’applique pas à la totalité des 53 prisonniers d’opinion détenus à Cuba», a déclaré Susan Lee, directrice du programme Amériques à Amnesty International.

«Ces hommes sont emprisonnés depuis 2003 simplement pour avoir exprimé leurs opinions politiques; ils doivent être libérés immédiatement et sans condition.»

L’avocat Rolando Jiménez Posada, prisonnier d’opinion semble-t-il exclu du plan de libération, purge une peine de 12 ans de prison après avoir été reconnu coupable de «manque de respect envers l’autorité et révélation de secrets sur la police de sûreté de l’État» pour avoir manifesté son soutien aux prisonniers politiques. Amnesty International demande sa libération immédiate.

Après des négociations avec les autorités cubaines et les responsables de l’Église catholique à La Havane, le ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Ángel Moratinos, a annoncé que les prisonniers libérés pourraient s’installer en Espagne avec leur famille.

On ne sait pas si ces hommes auront aussi le choix de rester à Cuba.«Les obliger à quitter le pays serait une autre manière d’étouffer la liberté d’expression et de restreindre le droit de circuler librement à Cuba», a ajouté Susan Lee.

Les 52 hommes avaient été arrêtés lors de la répression dite du «printemps noir», en mars 2003. À l’époque, 75 dissidents avaient été arrêtés, dont 23 ont été libérés depuis.

Amnesty International les considère comme des prisonniers d’opinion car ils ont agi sans violence et ont été emprisonnés en vertu d’une législation cubaine qui érige illégitimement l’opposition politique en infraction.

L’accord de libération survient à la suite des protestations de Guillermo Fariñas, journaliste indépendant qui dit être proche de la mort après plus de quatre mois de grève de la faim en faveur de la libération des prisonniers d’opinion en mauvaise santé. Le prisonnier d’opinion Orlando Zapata Tamayo est mort le 22 février 2010 après 11 semaines de grève de la faim.

Amnesty International a appelé à maintes reprises le gouvernement cubain à libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers d’opinion.

«Le gouvernement doit maintenant tenir son engagement et libérer immédiatement ces prisonniers, qui n’auraient au départ jamais dû être incarcérés.»

Les autorités cubaines continuent de nier l’existence de prisonniers politiques dans le pays, affirmant que «personne n’a jamais été puni pour avoir simplement exprimé une opinion ou un point de vue divergents, même contraires à ceux des autorités.»

Amnesty International demande que tous les prisonniers politiques restants bénéficient dans les plus brefs délais d’un procès équitable.

«Le gouvernement cubain doit aussi cesser de harceler et d’intimider les journalistes indépendants, les militants des droits humains et les opposants politiques. Les dispositions législatives vagues et arbitraires qui sont utilisées pour brider l’opposition à Cuba doivent être révisées afin que les droits humains deviennent une réalité pour tous les Cubains», a conclu Susan Lee.