Etats-Unis L'affaire Manning révèle les priorités discutables du gouvernement américain

Publié le 31 juillet 2013, mis à jour le 5 août 2013
Bradley Manning a été reconnu coupable de 20 chefs d’accusation, et encourt plus de 100 ans de prison. Un jugement qui révèle le caractère discutable des priorités du gouvernement américain en matière de sécurité nationale.

130731_Bradley_Manning.jpg Le gouvernement a fait du jugement de Bradley Manning sa priorité © Daniel Joseph Barnhart Clark

Bradley Manning, qui a révélé de possibles infractions au droit international humanitaire et d'autres violations commises par l'armée américaine, a été reconnu coupable pour 20 chefs d'inculpation distincts. Il encourt une peine pouvant aller jusqu'à 136 années d'emprisonnement.

«Il existe un contraste choquant entre la peine extraordinairement sévère que Bradley Manning pourrait se voir infliger et l'indulgence, voire l'impunité complète, dont ont bénéficié les responsables de certaines des graves violations des droits humains que cet homme a révélées», a déclaré Widney Brown, directrice générale chargée du droit international et de la stratégie politique à Amnesty International.

Quelques jours auparavant, Bradley Manning avait été acquitté de l’accusation de «collusion avec l’ennemi», une décision saluée par Amnesty International. «Les poursuites engagées par le gouvernement pour "collusion avec l’ennemi" relevaient d’une application bien trop large de la loi. Il n’existe aucun élément prouvant de manière crédible que Bradley Manning ait eu l’intention de nuire aux États-Unis en transmettant des informations confidentielles à Wikileaks», a souligné Widney Brown, directrice générale chargée des questions relatives au droit international et à la stratégie politique pour Amnesty International.

Juger Bradley Manning était-il la priorité?

«Les priorités du gouvernement sont sens dessus dessous. Il refuse d’enquêter sur des allégations crédibles de torture et d’autres crimes de droit international, en dépit de preuves accablantes. En revanche, il a décidé de poursuivre Bradley Manning qui essayait de bien faire en révélant les agissements illégaux du gouvernement. Lancez plutôt des enquêtes et des poursuites contre ceux qui détruisent la crédibilité du gouvernement en se livrant à des actes tels que la torture!»

Amnesty International estime que lorsque le gouvernement américain détermine de manière si sélective qui fait l’objet d’enquêtes et de poursuites, il fragilise les efforts en faveur de l’établissement des responsabilités. Cela est particulièrement vrai quand il paraît déterminé à punir ceux qui font des révélations sur les comportements illégaux du gouvernement.

«Depuis les attentats du 11 septembre, le gouvernement des États-Unis a invoqué la question de la sécurité nationale pour défendre toutes sortes d’agissements enfreignant le droit international et le droit américain. Il est difficile de ne pas tirer la conclusion que l’objectif du procès de Bradley Manning était d’envoyer le message suivant: s'il vous vient l’idée de révéler des preuves de l’inconduite du gouvernement américain.