© Alli McCracken/Amnesty International
© Alli McCracken/Amnesty International

Frontière États-Unis / Mexique Demander l’asile est devenu impossible

Communiqué de presse du 20 février, Londres, Berne – Contact du service de presse
Il n’est plus possible de demander asile aux États-Unis depuis la frontière mexicaine. Une pratique contraire aux obligations nationales et internationales des États-Unis en matière de droits humains. Amnesty International publie aujourd’hui une enquête sur le traitement réservé aux personnes en quête de sécurité aux États-Unis. Basée sur les témoignages de personnes interrogées entre le 3 et le 9 février à la frontière, elle dresse un constat alarmant de la situation qui découle des mesures exécutives de l'administration Trump et de la militarisation accrue de la frontière par le gouvernement mexicain.

Intitulé Lives in Limbo: Devastating Impacts of Trump's Migration and Asylum Policies [en anglais], ce document décrit le démantèlement complet par le gouvernement américain des procédures de demande d'asile à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Les personnes en quête de sécurité se retrouvent privées de tout moyen de passer par la procédure légale.

Jusqu’à présent, les demandeur·euse·s d'asile devaient déposer leur demande à un point d'entrée via une application mobile appelée CBP One. Mais celle-ci n’est plus disponible, laissant des dizaines de milliers de personnes bloquées au Mexique sans nulle part où aller – parmi lesquelles des mineur·e·s non accompagné·e·s.

«L'administration Trump a fait de la frontière entre les États-Unis et le Mexique une zone ouvertement hostile aux droits fondamentaux et affiche un mépris total pour l'humanité et la dignité des personnes qui s'y déplacent.»
Amy Fischer, directrice du programme sur les droits des réfugiés et des migrants à Amnesty International

En parallèle à la répression ciblée des services de l’immigration (ICE) à travers les États-Unis et à la dislocation du programme américain d’admission de réfugié·e·s, l’administration Trump a également mis fin à des droits inscrits dans la Constitution américaine comme le droit du sol. Elle a en outre adopté une série d’autres mesures motivées par le racisme et le suprémacisme blanc.

« L'administration Trump a fait de la frontière entre les États-Unis et le Mexique une zone ouvertement hostile aux droits humains et affiche un mépris total pour l'humanité et la dignité des personnes en déplacement », déclare Amy Fischer, directrice du programme sur les droits des réfugié·e·s et des migrant·e·s à Amnesty International USA. « Le droit de demander l'asile n'existe tout simplement pas à la frontière, et les personnes vulnérables sont bloquées. Elles ne peuvent compter que sur l’aide des organisations qui luttent pour empêcher une catastrophe humanitaire encore plus grande, elles-mêmes menacées de représailles ou de criminalisation de la part du gouvernement américain. »

Les organisations d’aide actives aux frontières recevaient des fonds de l'USAID et d'autres programmes gouvernementaux dont le financement est désormais gelé. L’existence de ces organisations, qui ont pour but de fournir un abri, une aide juridique et des soins, est en danger.

Une situation d’autant plus compliquée lorsque le personnel humanitaire doit conseiller les mineur·e·s. « Beaucoup d'enfants comprennent à peine ce qui leur arrive. Et ceux qui le comprennent sont placés devant un dilemme terrible : retourner là d’où ils ont fui au risque de leur vie, ou mettre leur destin entre les mains des trafiquants », ajoute Mary Kapron, chercheuse à Amnesty International.

Du côté mexicain, le gouvernement a renforcé la militarisation de la frontière en envoyant 10 000 soldat·e·s supplémentaires. Une dérive sécuritaire qui a conduit à des détentions et à des déportations massives et alimente un climat de peur parmi les personnes en quête d’asile.

« Le fait qu'il soit désormais impossible de demander l'asile à la frontière avec les États-Unis expose les Mexicain·e·s en quête de sécurité à un risque particulier », déclare Mónica Oehler Toca, chercheuse à Amnesty International. « Contrairement aux personnes d'autres nationalités, iels fuient les persécutions au Mexique et n'ont aucun moyen de demander une protection aux États-Unis. »

Amnesty International appelle les États-Unis à respecter de toute urgence leurs obligations en matière de droits humains et à mettre fin à leurs politiques racistes aux frontières et en matière d'immigration. L'organisation de défense des droits humains appelle le gouvernement mexicain à cesser de collaborer avec Washington sur ces pratiques honteuses et à prendre immédiatement des mesures pour assurer la protection des demandeur·euse·s d'asile présent·e·s sur son sol.