En 1999, une commission d’établissement de la vérité soutenue par les Nations unies a déterminé qu’au cours du conflit interne guatémaltèque, qui a duré 36 ans (1960-1996), quelque 200 000 personnes – dont plus de 80 % étaient d’ascendance maya – avaient été tuées ou avaient «disparu», et que des actes de génocide avaient été perpétrés. Efraín Ríos Montt et Mauricio Rodríguez Sánchez doivent être jugés en tant que responsables moraux des homicides de 1 771 personnes et du déplacement forcé de dizaines de milliers d’habitants de la région du triangle d’Ixil, dans le département d'El Quiché.
«Nous vivons un moment réellement historique, car c’est la première fois qu’un ancien chef d’État en Amérique centrale est jugé pour des crimes relevant du droit international, a expliqué Guadalupe Marengo, directrice du programme Amériques d’Amnesty International. «Les proches des victimes attendent depuis plus de 30 ans que justice soit faite; qu’un procès s’ouvre enfin atteste de leur persévérance, et de celle de leurs avocats.»
Malgré les récentes initiatives visant à renforcer la justice et l’obligation de rendre des comptes pour les crimes commis par le passé, les forces armées guatémaltèques ne coopèrent toujours pas lorsqu’il s’agit d’enquêter sur les violations perpétrées durant le conflit armé interne. L’armée refuse de coopérer aux enquêtes menées sur les homicides, les disparitions forcées, le recours au viol comme arme de guerre et d’autres crimes perpétrés pendant le conflit. Le refus de fournir des documents fait porter un énorme fardeau aux familles et aux victimes qui réclament justice ou souhaitent simplement savoir ce qu’il est advenu de leurs proches «disparus».
«Amnesty International espère que ce procès marquera une avancée décisive et probante sur le chemin de la vérité et de la justice, et qu’il permettra l’octroi de réparations aux victimes et aux proches de ceux qui ont péri durant les années de conflit. La justice n’a que trop tardé», a conclu Guadalupe Marengo.