Caraïbes Homophobie et lutte anti-discrimination

12 août 2013
Dwayne Jones, 17 ans, a été lynché à St. James, en Jamaïque, après que quelqu'un eut fait remarquer qu'il était travesti. Ce meurtre est le dernier drame en date d'une série de manifestations d'intolérance et d'homophobie très marquées constatées dans les Caraïbes. Les défenseurs des droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) s’exposent à des risques graves lorsqu'ils mènent leurs actions, pourtant essentielles à la reconnaissance de leurs droits.

Depuis longtemps déjà, des cas flagrants de discrimination ont été signalés dans les pays anglophones des Caraïbes, dont des épisodes de violences motivées par la haine. Cette discrimination et ces violences demeurent légales grâce au maintien de lois datant de l'ère coloniale qui érigent en crime les relations homosexuelles entre adultes consentants. Toutefois, des événements récents ont montré que, malheureusement, d'autres pays des Caraïbes, comme Haïti ou la République dominicaine, pourraient eux aussi montrer des tendances inquiétantes de discrimination et d'intolérance à l'égard des LGBTI.

En Haïti, des organisations haïtiennes qui s'efforcent de sensibiliser l'opinion publique sur les droits des LGBTI ont commencé à recevoir des menaces lorsqu'elles se sont exprimées de manière plus énergique. Le 26 juin, la Coalition haïtienne des organisations religieuses et morales a appelé à manifester contre l'homosexualité et le mariage entre personnes du même sexe. Depuis cette manifestation, le nombre d'agressions violentes contre des LGBTI aurait fortement augmenté dans tout le pays, et un grand nombre de militants vivent désormais dans la peur.

Le fait que les États-Unis aient récemment nommé en République dominicaine un ambassadeur ouvertement gay a déclenché une vague de réactions négatives de la part de divers groupes religieux. Ceux-ci ont appelé à manifester en invitant les manifestants à descendre dans la rue vêtus de noirs et à décorer leurs voitures et les bâtiments de noir en guise de protestation contre cette nomination.

Alors qu'un nombre croissant de courageux militants élèvent leur voix contre la discrimination, il apparaît de plus en plus urgent que les gouvernements des Caraïbes se positionnent clairement comme étant opposés à la violence motivée par la haine et à la discrimination contre les LGBTI. Le fait que les gouvernements d'Haïti et de Jamaïque aient condamné des actes homophobes constitue un premier pas en avant, que les autres gouvernements de la région sont encouragés à faire aussi.

Une lutte difficile mais qui gagne en ampleur

Ce que nous racontent ces faits est que le chemin vers la tolérance, le respect et l'acceptation de la diversité est encore très long dans les Caraïbes. Mais aussi que, jour après jour et dans toute la région, le militantisme augmente et les gens se sentent de plus en plus concernés.

Pour erradiquer à long terme le fléau de l'intolérance et de la discrimination, des campagnes d'information et d'éducation aux droits humains sont nécessaires. Dans ce sens, l'archevêque Desmond Tutu (Prix Nobel de la paix), Navi Pillay, (haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations unies), et Edwin Cameron (juge de la Cour constitutionnelle d'Afrique du Sud), ont lancé une campagne mondiale d'éducation aux droits humains et aux droits des LGBTI en particulier. Comme l'a dit Navy Pillay lors du lancement de la campagne, pour éradiquer la discrimination il ne suffira pas de changer les lois et les politiques. Il faudra aussi changer le cœur et l'esprit des hommes et des femmes.

Il est à espérer que les gouverments caribéens réagiront de manière positive à cette campagne et qu'ils se sentiront encouragés à la transposer aux niveaux national. Après tout, il leur incombe de rendre leur société aussi ouverte et respectueuse que possible, et ils ont la chance de pouvoir le faire.