Répression policière, brutalité et torture au Mexique sont les symptômes d'un gouvernement qui ne respecte pas les droits humains.© Daniel Guerrero
Répression policière, brutalité et torture au Mexique sont les symptômes d'un gouvernement qui ne respecte pas les droits humains. © Daniel Guerrero

Mexique Les autorités ferment les yeux devant la hausse scandaleuse des cas de torture

La torture et les mauvais traitements sont hors de toute mesure au Mexique. Le nombre de cas signalés a augmenté de 600% au cours de la dernière décennie, d'après un nouveau rapport publié par Amnesty International. L'organisation prie le gouvernement mexicain d'agir dès maintenant pour mettre fin au recours généralisé et persistant à la torture par des membres de la police et de l'armée.

Le rapport, intitulé Hors de toute mesure. La torture et les autres mauvais traitements au Mexique, fait état d'une augmentation sérieuse de la torture et des autres formes de mauvais traitements dans ce pays, et de la prédominance de la tolérance et de l'impunité. Seuls sept tortionnaires ont à ce jour été déclarés coupables par des tribunaux fédéraux, et bien moins par des tribunaux des États.

Un gouvernement qui ne protège pas les droits humains

«Les autorités ne peuvent pas continuer à fermer les yeux sur la torture. Le fait d'omettre systématiquement d'appliquer les garanties contre la torture et les mauvais traitements et d'ouvrir sur les plaintes des enquêtes qui pêchent souvent par leur partialité et minimisent la gravité des faits, est symptomatique d'un gouvernement qui ne protège pas les droits humains», a indiqué Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d'Amnesty International.

Entre 2010 et la fin de 2013 la Commission nationale des droits humains a reçu plus de 7 000 plaintes pour torture et autres mauvais traitements. Récemment, en 2014, le nombre de plaintes aurait diminué, mais il reste bien plus élevé qu'il y a 10 ans.

Violences sexuelles et décharges électriques

Dans plusieurs régions différentes, des gens ont raconté à Amnesty International comment ils ont été frappés et menacés de mort et soumis à des violences sexuelles, à des décharges électriques et à la quasi-asphyxie alors qu'ils étaient entre les mains de la police ou des forces armées. Le but de ces traitements était souvent de leur extorquer des «aveux» ou d'obtenir qu'ils incriminent d'autres personnes dans des infractions graves.

Discrimination raciale

Des policiers et des militaires ont torturé Ángel Amílcar Colón Quevedo, un Noir de nationalité hondurienne, du fait de son statut de migrant et de la couleur de sa peau. Ils l'ont frappé, quasiment asphyxié à l'aide d'un sac en plastique, déshabillé de force, contraint à effectuer des actes humiliants et couvert d'insultes racistes. Inculpé sur la base de la déclaration qu'il a faite à la suite de ce traitement, il est actuellement en prison dans l'attente de son procès. Amnesty International l'a reconnu cette année comme prisonnier d'opinion. Le rapport de l'organisation contient des informations sur plus de 20 personnes qui, comme Ángel Colón, ont été torturées alors qu'elles étaient détenues par les autorités mexicaines.

Condamnations arbitraires

Bien que cela soit prohibé par la loi, des membres de l'appareil judiciaire continuent de retenir comme preuves des éléments obtenus grâce à la détention arbitraire et à la torture. Non seulement cela encourage le recours à la torture et aux autres mauvais traitements, mais en outre le terrain se prête à des procès iniques et à des condamnations sans garantie, ce qui porte atteinte à la crédibilité de la justice et au respect des droits humains des personnes inculpées. Les rares fois où des enquêtes officielles sont réellement menées sur des allégations de torture, elles sont souvent entachées d'erreurs.

Réforme du système d'enquêtes

«Il est temps de réformer radicalement le système d'enquête sur les allégations de torture et de mauvais traitements, et notamment la manière dont sont appliquées les normes énoncées dans le Protocole d'Istanbul, reconnues par la communauté internationale. Les autorités mexicaines doivent aussi veiller à ce que les éléments de preuve collectés par les médecins experts indépendants puissent être acceptés comme tels dans les procédures judiciaires.»

Communiqué de presse publié le 4 septembre 2014, Berne, Genève.
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