Lors d’une conférence de presse organisée par Amnesty International le jeudi 22 janvier 2015 à Mexico, des experts ont détaillé les investigations défaillantes supervisées par le procureur général du Mexique, Jesus Murillo Karam, et exposé les demandes des familles des 43 étudiants. Le bureau du procureur a déclaré que toutes les pistes avaient désormais été explorées.
Enquête incomplète
«Nous avons dressé une liste des préoccupations quant à la tenue de l’enquête et craignons que l’ensemble des crimes commis, notamment la disparition forcée et l’homicide de six personnes lors de l’attaque initiale contre les étudiants, n’ait pas été totalement examiné, a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.
«Sur fond de préoccupations concernant l’éventuelle complicité des autorités gouvernementales locales et de l’armée, il est d’autant plus important que toutes les pistes soient dûment explorées et que tout soit mis en œuvre pour faire éclater la vérité.»
Bilan désastreux en termes de droits humains
Amnesty International lance cet appel alors que les experts médicolégaux autrichiens qui travaillent sur l’affaire ont annoncé qu’ils n’avaient pas pu identifier l’ADN sur les dépouilles calcinées retrouvées dans une fosse commune. De nouveaux tests sur ces échantillons pourraient prendre des mois.
La disparition forcée des étudiants a mis en lumière le bilan désastreux du Mexique en termes de droits humains. Selon des chiffres officiels, plus de 100 000 personnes ont été tuées depuis que la «guerre contre la drogue» a débuté en 2006 et au moins 23 000 sont portées disparues. Des milliers de communautés ont été déplacées par la montée de la violence. Amnesty International continue de recevoir des informations faisant état d’atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité et de police, notamment des détentions arbitraires, des actes de torture et des disparitions forcées.
La disparition des étudiants dénonce une situation désastreuse
«La disparition de ces étudiants est un crime qui a choqué le monde entier, et a modifié la vision déformée selon laquelle la situation des droits humains s’améliore au Mexique depuis l’arrivée au pouvoir du président Peña Nieto. Des milliers d’autres affaires ont à peine fait l’objet d’enquêtes au Mexique, et on ne peut plus les passer sous silence, a déclaré Erika Guevara Rosas.
«Il faut monter au créneau pour enquêter sur les affaires d’atteintes aux droits humains qui présentent des signes de collusion de la part des autorités et des forces de sécurité, comme l’exécution collective de civils à Tlatlaya et les massacres de migrants. Hélas, l’impunité pour ces crimes terribles demeure la norme. Les institutions fédérales et étatiques ne s’acquittent pas de leurs obligations, laissant croire que ces violations des droits humains sont en fait tolérées», a déclaré Erika Guevara Rosas.