Quelque 90 familles sawhoyamaxas vont pouvoir revenir sur leurs terres. © AI
Quelque 90 familles sawhoyamaxas vont pouvoir revenir sur leurs terres. © AI

Paraguay Retour sur les terres ancestrales

3 octobre 2011
Une communauté indigène du Paraguay pourra prochainement revenir sur ses terres ancestrales. Après 20 ans de bataille juridique, c’est un succès sans précédent pour les familles concernées.

Un accord signé par les autorités paraguayennes, des entreprises locales et les porte-parole de la communauté indigène sawhoyamaxa représente une occasion unique pour cette dernière de revenir enfin sur ses terres ancestrales, a indiqué un avocat des Sawhoyamaxas à Amnesty International.

Aux termes de l’accord signé ce mois-ci, un organisme public doit racheter un terrain de 14 404 hectares à deux entreprises de Puerto Colón, près de Concepción dans le département Presidente Hayes (centre du pays), d’ici à la fin de l’année.

Une pression internationale précieuse

«Cet accord jette les bases de la restitution des terres ancestrales de cette communauté, a déclaré Ireneo Téllez, avocat au sein de Tierraviva, une ONG paraguayenne qui représente les Sawhoyamaxas et d’autres communautés indigènes.

«La pression exercée sur les autorités par Tierraviva et d’autres, dont des acteurs internationaux, nous a conduit à ce moment positif pour toutes les parties.»

Pendant deux décennies, quelque 90 familles sawhoyamaxas ont mené une bataille juridique pour revenir sur une partie de leurs terres ancestrales tandis qu’elles vivaient dans des conditions précaires près d’une route voisine.

Il y a plusieurs années, des propriétaires terriens se sont approprié les terres ancestrales des Sawhoyamaxas dans la brousse du Chaco, le long de la rivière Paraguay. Les familles indigènes ont été dispersées dans plusieurs domaines privés d’élevage de bétail situés à proximité, où beaucoup ont été maltraitées et exploitées.

Retrouver ses traditions

En 1991, la communauté sawhoyamaxa a entamé la procédure juridique pour récupérer une partie de ses terres ancestrales.

À la suite de cette revendication territoriale, les conditions se sont dégradées pour beaucoup de membres de la communauté qui travaillaient dans les exploitations agricoles, et ils ont été contraints de déménager dans des camps de fortune le long d’une route voisine.

Des membres de la communauté sawhoyamaxa ont indiqué à Amnesty International que le fait de vivre dans ces conditions précaires menaçait leur sécurité et leurs traditions, notamment leur langue et leurs liens avec leurs terres ancestrales. L’accès à la santé, à la nourriture et à l’éducation est rare ou inexistant dans les campements en bord de route.

« Mon principal souhait est de revenir sur notre terre et de voir mes enfants grandir loin de la route et dans de meilleures conditions », a assuré Carlos Marecos, porte-parole de la communauté, en ajoutant qu’il espérait une issue heureuse et en appelant le gouvernement à éviter les retards inutiles.

Des indemnités versées aux familles

En 2006, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a statué en faveur de la restitution de leurs terres ancestrales aux Sawhoyamaxas.

Elle a également ordonné aux autorités paraguayennes de verser des indemnités aux familles de 19 membres de la communauté qui sont morts dans les campements alors que leur décès aurait pu être évité. L’État a pleinement appliqué cette mesure. Les autorités doivent en outre créer un fond de développement d’un million de dollars américains pour aider les Sawhoyamaxas quand ils seront revenus sur leurs terres.

« Même s’il semble qu’une solution raisonnable a été trouvée pour restituer les terres ancestrales des Sawhoyamaxas, le plus dur vient maintenant et les autorités paraguayennes doivent aller jusqu’au bout et garantir le retour de cette communauté sur ses terres ancestrales dans les meilleurs délais, a souligné Guadalupe Marengo, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.

« La résolution du conflit foncier des Sawhoyamaxas montrera que le Paraguay commence à s’acquitter de son obligation internationale de faire respecter les droits des populations indigènes, et nous espérons qu’elle établira un précédent positif pour les autres revendications territoriales des indigènes dans le pays. »

Ireneo Téllez a indiqué à Amnesty International que Tierraviva poursuit son travail avec d’autres communautés indigènes au Paraguay, y compris d’autres appartenant au groupe des peuples enxets, pour les aider à récupérer leurs terres ancestrales actuellement occupées par des propriétaires privés.