Les populations indigènes protestent contre la destruction de leurs terres. © Rupert Haag
Les populations indigènes protestent contre la destruction de leurs terres. © Rupert Haag

Pérou Le pillage de Yanacocha

20 juin 2013
Vingt pourcent de la surface du Pérou est aux mains des compagnies minières – et ce chiffre ne comprend pas l’exploitation de pétrole et de gaz. Ce sont les métaux précieux, et notamment l’or, qui attirent les concessions étrangères dans ce petit pays d’Amérique latine, souvent au détriment de la population locale. Propos reccueillis lors du symposium annuel "Droits sans frontières" par Noémi Manco.

Le Mont Quilin est sacré pour les indigènes. A ses pieds se trouvent les rares sources d’eau potable de la région, essentielles à la survie de ses habitants. C’est également là que se trouve la mine de Yanacocha, l’un des plus grands gisements d’Amérique latine. Avec la flambée du cours de l’or – son prix a quadruplé en dix ans – l’exploitation de filons pauvres est devenue rentable. Les sociétés étrangères creusent donc de plus en plus profondément dans la montagne pour en extraire les ressources.

Outre la violation d’un symbole – le Mont Quilin est vénéré par les indigènes – l’exploitation aurifère présente de graves risques sanitaires et environnementaux. Les produits chimiques utilisés dans les mines ont pollué l’eau d’une façon irréversible. Les conséquences sont désastreuses sur la population locale, pour qui l’agriculture constitue le principale moyen de subsistance. Malgré leur organisation en coopérative, les paysan•ne•s n’ont jamais reçu de compensation. Juridiquement, il est en effet très difficile de prouver que la pollution des eaux résulte de l’exploitation de la mine. A cette raison s’ajoute la discrimination dont les populations indigènes sont victimes au Pérou: «C’est une population marginalisée, mal représentée en politique, explique la parlementaire péruvienne Veronika Mendoza. Elle a donc du mal à faire valoir ses intérêts, et ce d’autant plus au vu des carences institutionnelles au Pérou.»

Pour leur part, les sociétés d’exploitation se targuent d’avoir engagé une consultation avec la population locale, conformément aux codes de conduite internationaux. «En réalité, cette ‘consultation’ consiste à poser des questions, noter les réponses, et les ignorer pour continuer comme avant, dénonce Christoph Wiedmer, directeur de la Société pour les peuples menacés (SPM). Mais la population locale n’a pas la possibilité de faire entendre ses revendications.»

Violences policières et opacité internationale

Las de cette surdité, les habitant•e•s de la région ont plusieurs fois manifesté dans la ville voisine de Cajamarca. Ils et elles demandent un dialogue réel, et la reconnaissance des dommages causés sur l’environnement et leur économie. Lors de ces rassemblements, la police a régulièrement fait un usage disproportionné de la force. Plusieurs personnes, dont des enfants, ont déjà trouvé la mort, et de nombreux civils ont été gravement blessés. Amnesty International a souvent appelé les autorités péruviennes à veiller à ce que la liberté d'expression, d'association et de réunion soient respectées. D’après l’organisation, les forces de sécurité devraient par exemple être formées aux Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu, et respecter rigoureusement ces derniers.

Par ailleurs, des documents récemment publiés par la SPM montre le rôle trouble des sociétés étrangères qui exploitent la mine. Il semblerait que plusieurs d’entre elles aient armé et versé des primes à des membres de la police nationale, afin que ceux-ci «encadrent» les manifestations. «On assiste à une situation incroyable: un service public, chargé d’assurer la sécurité, se trouve à la solde de compagnies privées et se retourne contre les civils», s’indigne Christoph Wiedmer.

La responsabilité de la Suisse dans cette situation tragique n’est pas aussi insignifiante qu’on pourrait le croire. Si les principales sociétés d’exploitation de Yanacocha ne sont pas suisses, les raffineries qui traitent cet or, elles, le sont. C’est notamment le cas de Valcambi, l’un des leaders mondial du secteur. La société décline pourtant toute responsabilité dans les violations des droits humains et la pollution de l’environnement qui ont lieu au Pérou. Comme le commerce aurifère bénéficie de la même opacité que celui des diamants et des autres pierres précieuses, les pays d’importation de ces matériaux ne figurent pas dans les données des douanes suisses. Une aubaine pour toute les sociétés exploitantes qui peuvent sans inquiétude continuer de dévaster le Mont Quilin et sa région.

 

Ressources minières : la tragédie péruvienne[NBo1] [NBo2] Le pillage des ressources de Yanacocha

20% de la surface du Pérou est aux mains des compagnies minières – et ce chiffre ne comprend pas exclut l’exploitation de pétrole et de gaz. Ce sont les métaux précieux, et notamment l’or, qui attirent les concessions étrangères dans ce petit pays d’Amérique latine, souvent au détriment de la population locale. Propos tirés du symposium annuel «Droit sans Frontières» par Noémi Manco.

Le Mont Quilin est sacrée pour les indigènes. A ses pieds se trouvent les rares sources d’eau potable de la région, essentielles à la survie de ses habitants. C’est également là que se trouve la mine de Yanacocha, l’un des plus grands gisements d’Amérique latine. Avec la flambée du cours de l’or [NBo3] son prix a quadruplé en dix ans [NBo4] - l’exploitation de filons pauvres est devenue rentable. Les sociétés étrangères creusent donc de plus ensans cesse plus profondément dans la montagne pour en extraire les ressources. Hernán Cortés n’est pas loin.[NBo5]

Outre la violation d’un symbole – le Mont Quilin est vénéré par les indigènes [NBo6] - l’exploitation aurifère présente de graves risques sanitaires et environnementaux. Les produits chimiques utilisés dans les mines ont pollué l’eau d’une façon irréversible. Les conséquences sont désastreuses sur la population locale, pour qui l’agriculture constitue le principale moyen de subsistance., ont été désastreuses. Malgré leur organisation en coopérative, les paysan·ne·s n’ont jamais reçu de compensation. Juridiquement, iIl est en effet très difficile de prouver que la pollution des eaux résulte de l’exploitation de la mine. A cette raison juridique [NBo7] s’ajoute la discrimination dont les populations indigènes sont victimes au Pérou: «CC’est une population marginalisée, mal représentée en politique, explique la parlementaire péruvienne Veronika Mendoza. ElleIls aont donc du mal à faire valoir sesleurs intérêts[r8] , et ce d’autant plus surtout au vu des carences la faiblesse institutionnelles au Pérou.»

Pour leur part, les sociétés d’exploitation se targuent d’avoir engagé une consultation avec la population locale, conformément aux codes de conduites good practices internationauxales. «En réalité, cette ‘consultation’ consiste à poser des questions, noter les réponses, et les ignorer pour continuer comme avant, dénonce Christoph Wiedmer, directeur de la Ssociété pour les peuples menacés (SPM). MaisDe fait, la population locale n’a pas la possibilité de faire entendre ses revendications.»

Violences policières et opacité internationale

Las de cette surdité, les habitant·e·s de la région ont plusieurs fois manifesté dans la ville voisine de Cajamarca. Ils et elles demandent un dialogue réel, et la reconnaissance des dommages causés sur l’environnement et leur économie. Lors de ces rassemblements, la police a régulièrement fait un usage disproportionné de la force. Plusieurs personnes, dont des enfants, ont déjà trouvé la mort[r9] , et de nombreux civils ont été gravement blessés. Amnesty International a souvent appelé les autorités péruviennes à veiller à ce que faire respecter le respect du droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion soient respectées. D’après l’organisation, lLes forces de sécurité devraient oivent par exemple être formées aux Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu, et respecter rigoureusement ces derniers.

Par ailleurs, des documents récemment publiés par la SPM montre le rôle trouble des sociétés étrangères qui exploitent la mine. Il semblerait que plusieurs d’entre elles aient armé et versé des primes à des membres de la police nationale, afin que ceux-ci «encadrent» lesa manifestation[r10] s. «On assiste à une situation incroyable: un service public, chargé d’assurer la sécurité, se trouve à la solde de compagnies privées et se retourne contre les civils», s’indigne Christoph Wiedmer.

La responsabilité de la Suisse dans cette situation tragique n’est pas aussi insignifiante éloignée qu’on pourrait le croire. Si les principales sociétés d’exploitation de Yanacocha ne sont pas suisses, les raffineries qui travaillent traitent cet or, elles, le sont. C’est notamment le cas de Valcambi, l’un des leaders mondial du secteur. La société décline pourtant toute responsabilité dans les violations des droits humains et environnementaux la pollution de l’environnement qui[r11] ont lieu au Pérou. Selon elleeux[NBo12] , l’achat de l’or ne suffit pas à engager leur responsabilité. De plus, lComme lLe commerce aurifère bénéficie de la même opacité que celui des diamants et des autres pierres précieuses[r13] , l. Les pays d’exportation et d’importation de ces matériaux ne figurent pas dans les données des douanes suisses. Une aubaine pour toute les sociétés exploitantes qui peuvent sans inquiétude continuer de dévaster le Mont Quilin et sa région.

20 juin 2013


[NBo1]Attention l’ensemble du texte ne contient pas d’épicènes.

[NBo2]Le titre est très general, il faudrait trouver un titre qui colle plus au texte, à l’or et à l’exploitation frauduleuse qui en résulte. Inspire-toi de Droit sans frontières.

[NBo3]Unifie les traits (soit petit partout, soit grand)

[NBo4]Unifie les traits (soit petit partout, soit grand)

[NBo5]Pas forcément clair pour tout le monde. ça suppose un certain degré de culture historique et ç pourrait être mieux amené :-)

[NBo6]Unifie les traits (soit petit partout, soit grand)

[NBo7]Dans la phrase précédente, il n’est pas clair que c’est pour des raisons juridiques qu’on arrive pas à prouver.

[r8]On ne sait pas ici s’il s'agit des intérêts de la population ou ceux de M Mendoza. Je dirais plutôt: Elle a donc du mal à faire valoir les intérêts des communautés locales (par exemple, pour ne pas répéter "de ces populations")

[r9]Je ne sais plus s’il y avait des enfants parmi les victimes qui sont mortes, tu es sûre?

[r10]À mettre au pluriel? “les manifestations”?

[r11]On ne parle pas des violations des droits environnementaux

[NBo12]Il faudrait préciser qui dit ça ? Citer une source plus précise, une personne contactée ou un communiqué…

[r13]Le diamant est aussi une pierre précieuse.

Par contre: es-tu sûre qu’il n’y a pas de statistiques concernant l’importation des diamants? J’avoue que je ne me souviens plus…