Après un accouchement par césarienne, le fœtus n’a pas survécu –comme cela était à prévoir. Du fait de l’encéphalite dont il souffrait, une grande partie de son cerveau et de son crâne n’était pas développée.
Beatriz souffre d’un lupus, une maladie qui atteint le système immunitaire. D’après un diagnostic médical, une grossesse représenterait un risque conséquent pour la vie de la jeune femme. Malgré cela, la Cour Suprême avait rejeté le 29 mai 2013 la demande d’avortement de Beatriz. En conséquence, le personnel soignant n’a pas pu opérer celle-ci sous peine d’être poursuivi en justice. «Nous souhaitons à Beatriz un prompt rétablissement après cette expérience difficile et inutilement prolongée», a indiqué Esther Major, spécialiste du Salvador à Amnesty International.
Une campagne qui a porté des fruits
Début mai, Amnesty a lancé une campagne de soutien à Beatriz et demandé des autorités salvadoriennes qu’elles autorisent l’avortement, afin de sauver la jeune femme. Plus de 170'000 signatures ont été récoltées, et présentées au président du Salvador. Durant sa grossesse marquée par la peur et l’inquiétude, elle a reçu des messages de solidarité du monde entier.
Le succès de cette campagne montre qu’une pression internationale peut sauver des vies et garantir le respect des droits humains. Dans une lettre ouverte émouvante, Beatriz a remercié toute les personnes qui s'étaient mobilisées pour sa cause:
«Je vous remercie de m’avoir soutenue de cette manière, sans vous je ne pense pas que j’aurai supporté d’être à l’hôpital. Je vous remercie aussi pour les actions que vous avez mené pour me sauver la vie. Cette situation a été très difficile, et sans votre soutien je n’aurais pas été capable d’en venir à bout. J’espère que mon exemple servira pour que d’autres femmes ne doivent pas faire la meme experience douloureuse que moi. Et je suis très heureuse, car maintenant je serai de nouveau avec mon fils.»
Le cas de Beatriz s’apparente à de la torture
Aucune femme ne doit se voir refuser des soins médicaux vitaux – notamment un avortement si cela est nécessaire. «Le gouvernement salvadorien doit immédiatement en finir avec l'interdiction totale de l'avortement, et mettre la législation du pays en conformité avec les normes internationales en matière de droits humains», a ajouté Esther Major. «Jouer ainsi avec la vie et la santé de Beatriz était un acte d’une cruauté inimaginable de la part du gouvernement salvadorien. Pendant plus de deux mois, elle a attendu dans l’angoisse, malade, ne sachant pas si elle survivrait à un autre jour de grossesse. Il est incroyable qu'elle ait été forcée à faire campagne pour sauver sa propre vie et sa santé. Nous sommes émus par le courage de Beatriz face à cette cruauté», a-t-elle poursuivi.