«Le gouvernement du président Nicolas Maduro devrait garantir le droit à la vie, au lieu de prendre celle de jeunes Vénézuéliens. Les jeunes qui vivent dans la pauvreté devraient pouvoir bénéficier des mêmes possibilités que les autres pour assurer leur avenir et ils ne devraient pas vivre dans la crainte perpétuelle d'être considérés par la police et l'armée comme des ennemis à éradiquer», a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d'Amnesty International.
Le rapport intitulé «This is no way to live: Public security and the right to life in Venezuela» souligne la responsabilité des autorités vénézuéliennes en ce qui concerne les violations du droit à la vie et à l'intégrité physique de milliers de personnes. L'État ne garantit pas la vie et la sécurité de la population alors que l'insécurité a atteint un niveau très inquiétant. Il utilise au contraire des méthodes militaires supposées lutter contre la criminalité pour augmenter la répression contre les sympathisants de l’opposition. En conséquence, plus de 8 200 exécutions extrajudiciaires ont été recensées entre 2015 et juin 2017.
plus de 8 200 exécutions extrajudiciaires recensées Entre 2015 et 2017 .
En 2017, le gouvernement vénézuélien a publié sur Twitter des statistiques sur les homicides – peu utiles parce que ne faisant aucune distinction entre les victimes de la criminalité et celles tuées par les forces de sécurité – selon lesquelles le taux d’homicide serait de 62 personnes pour 100'000 habitants. Selon les organisations de la société civile, ce taux atteindrait 89 personnes pour 100'000 habitants.
Hommes âgés entre 12 et 44 ans et vivant dans la pauvreté en ligne de mire
L'an dernier, au moins 95 % des victimes d'homicides – commis aussi bien par des criminels que par les forces de sécurité – étaient des hommes âgés entre 12 et 44 ans vivant dans les zones les plus pauvres du pays. Près de 90 % des homicides recensés ont été commis au moyen d'une arme à feu dans des zones urbaines ou rurales présentant un niveau élevé d'activités illégales comme des activités minières illicites, par exemple.
Dans la mesure où, pour chaque personne tuée dans un contexte de violences armées on dénombre en moyenne trois ou quatre victimes supplémentaires survivantes, Amnesty International estime qu'entre 65 000 et 87 000 personnes ont été victimes de la violence armée cette année-là. Des chiffres non officiels indiquent que le Venezuela se plaçait en 2017 au quatrième rang des pays les plus violents au niveau mondial, avec un taux d'homicides de 89 meurtres pour 100 000 personnes.
Amnesty International note que malgré la mise en œuvre d'au moins 17 plans d’action pour la sécurité au cours des 17 dernières années, l'État n'a pas respecté ses obligations concernant la prévention de la violence armée et de ses conséquences. L'État n'a en outre pas respecté son obligation d'enquêter sur les violations des droits humains, de sanctionner les responsables et de fournir une réparation aux victimes. Bien au contraire, les autorités ont publiquement déclaré que le fait de tuer des personnes dans le cadre d'opérations de sécurité constituait une pratique efficace. Cela constitue pourtant un recul évident pour le respect des droits humains et va à l'encontre de la législation sur les pratiques policières.
Les autorités ont déclaré que le fait de tuer des personnes dans le cadre d'opérations de sécurité était une pratique efficace.
Des milliers de personnes fuient la violence et le chaos
L'augmentation considérable du nombre de personnes s'enfuyant dans d'autres pays, principalement du continent sud-américain, représente l'un des effets les plus visible de ces violations massives des droits humains et de l'absence de sécurité publique. Selon l'ONU, 2,3 millions de personnes ont fui le Venezuela depuis 2014.
Depuis 2014, 2,3 millions de personnes ont fui le Venezuela.
«Le Venezuela traverse actuellement l’une des pires crises des droits humains de son histoire. La liste des crimes de droit international commis contre la population ne cesse de s’étendre. Il est très inquiétant de constater qu'au lieu d'appliquer des politiques publiques efficaces de protection de la population et de lutte contre l'insécurité, les autorités vénézuéliennes utilisent un langage guerrier pour tenter de légitimiser l'utilisation d'une force excessive de la part de la police et de l'armée et, dans de nombreux cas, l'utilisation de la force meurtrière avec l'intention de tuer», a déclaré Erika Guevara-Rosas.
«Le gouvernement doit de toute urgence lancer un programme national visant à réduire le nombre d'homicides, et mettre en œuvre une stratégie en matière de maintien de l'ordre qui comprenne des lignes directrices sur le recours à la force et aux armes à feu qui tiennent compte du respect de la proportionnalité et qui soient pleinement conformes aux normes internationales relatives aux droits humains.»
Amnesty International demande aux autorités vénézuéliennes de mettre en œuvre une politique de sécurité publique qui garantisse le respect du droit à un procès équitable, en supprimant notamment les lenteurs procédurales et les autres dysfonctionnements qui minent le système pénal vénézuélien. Les autorités doivent combattre l'impunité qui prévaut dans les affaires de violations des droits humains et d'homicides, et veiller à ce que les proches des victimes obtiennent une réparation équitable, notamment une indemnité appropriée, un soutien psychologique et des garanties de non-répétition.