Les rudes conditions hivernales dans les camps autour de Kaboul ont coûté la vie à 28 enfants en l'espace d'un mois, selon le New York Times. «Nous ignorons où va toute l'aide internationale. Nous nous demandons pourquoi le gouvernement n'est pas capable de nous fournir un abri correct», a expliqué à Amnesty International Yahya, un homme qui vit dans le bidonville de Chaman-e-Babrak, à Kaboul.
Un nouveau rapport d'Amnesty International, intitulé «Fleeing war, finding misery: The plight of the internally displaced in Afghanistan», montre comment l'escalade des combats a entraîné le déplacement à l'intérieur du pays d'un demi-million d'Afghans et d'Afghanes, avec près de 400 personnes venant grossir leurs rangs chaque jour. Kaboul à elle seule abrite environ 35000 personnes déplacées qui vivent dans 30 quartiers pauvres répartis autour de la ville.
«Par un temps glacial, des milliers de personnes sont contraintes à vivre dans la promiscuité, menacées par la famine, tandis que le gouvernement afghan non seulement ferme les yeux, mais va jusqu'à empêcher l'aide de leur parvenir», a indiqué Horia Mosadiq, chercheuse sur l'Afghanistan à Amnesty International.
Le gouvernement afghan bloque l'aide humanitaire
Dans l'ensemble du pays, les organes des Nations Unies et les organisations humanitaires ne sont pas en mesure de faire parvenir une aide efficace aux bidonvilles, car il leur est interdit de fournir une assistance si cela implique d'établir des installations permanentes. Aussi, au lieu de creuser des puits d'eau, ils sont contraints de livrer de l'eau dans des citernes aux personnes déplacées.
La plupart des habitants des bidonvilles ont raconté à Amnesty International qu'ils avaient fui leur foyer pour échapper aux combats. Le conflit s'est en effet étendu à des régions du pays considérées jusqu'à présent comme pacifiées. Depuis 2007, le nombre de victimes civiles n'a cessé d'augmenter chaque année; en 2011, plus de 3000 civils afghans ont perdu la vie en raison du conflit, d'après les chiffres de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).
Les talibans et d'autres groupes d'insurgés sont responsables de la grande majorité des victimes civiles. Toutefois, de nombreux Afghans déplacés ont expliqué à Amnesty International qu'ils avaient fui par peur des bombardements aériens effectués par la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) et pour éviter de servir de boucliers humains aux talibans. Amnesty International a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d'enquêter sur les crimes de guerre imputables aux talibans et à toutes les parties au conflit en Afghanistan.
«Les Afghans et les Afghanes ont toutes les raisons de se sentir en plus grande insécurité aujourd'hui qu'au cours des 10 dernières années», a indiqué Horia Mosadiq. «Les forces afghanes et internationales doivent prendre en compte les répercussions du conflit sur les civils, notamment sur les personnes déplacées. Quant aux talibans, ils doivent s'efforcer de protéger les civils, en accordant un accès humanitaire aux zones qu'ils contrôlent.»
«En dépit de ses ressources limitées, le gouvernement afghan peut aider ses citoyens déplacés», a conclu Horia Mosadiq. Les autorités doivent utiliser l'aide internationale disponible et supprimer les conditions imposées à l'assistance humanitaire, afin de répondre aux besoins immédiats des familles déplacées.
Communiqué de presse, Lausanne, Berne, publié le 23 février 2012
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