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Afghanistan «J'ai survécu à trois attentats-suicides»

26 mars 2013
Maliha, une Afghane qui vit aujourd’hui à Sydney, raconte ses expériences en Afghanistan et l'insécurité qui  règne.

Une nuit, quand j’avais 13 ans, alors que nous étions endormis, nous avons soudain été réveillés par le bruit d’un avion volant au-dessus de nous, suivi d’une énorme explosion. Notre maison a été détruite, comme la plupart dans notre rue. Nous avons tout perdu. Nos vies ont été sauvées cette nuit-là car nous étions endormis, enveloppés dans des couvertures. Cela nous a protégés des éclats de verre des fenêtres et du plâtre tombant des murs. Après que j’ai retrouvé mes deux frères et ma mère dans les décombres, et une fois la poussière retombée, nous avons décidé de quitter l’Afghanistan. Nous pensions que ce ne serait que pour quelques mois mais après notre départ, la paix n’est jamais revenue.

Ma mère nous élevait seule et nous a permis de terminer notre scolarité en devenant enseignante dans une école de réfugiés. Bien longtemps avant, quand j’avais trois ans, mon père a disparu de son travail. Un matin, il est parti travailler et n’est jamais revenu.

À 19 ans, j’ai obtenu un poste à l’ambassade de Finlande à Kaboul. Je suis retournée y vivre, Ma mère m’a suivie avec inquiétude. C’est à cette époque qu’on m’a présenté mon mari. Mes collègues finlandais étaient tout excités à l’idée de venir à mon mariage car ils n’avaient jamais assisté à une cérémonie afghane. Ils ont dit qu’ils viendraient si je l’organisais dans un hôtel où la sécurité était bonne, donc j’ai choisi de le faire dans l’un des bâtiments les plus sûrs de la ville. Dieu merci, tout s’est bien passé le soir du mariage, mais le lendemain, mon mari et moi étions dans notre chambre d’hôtel quand nous avons soudain entendu une énorme explosion. Le bâtiment a commencé à trembler et il y avait du verre partout. Pendant quelques minutes j’ai cru que c’en était fini pour nous et que notre vie était partie.

Lorsque j’ai ouvert les yeux, je ne voyais rien autour de moi, seulement de la fumée, de la poussière et du verre brisé. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Lorsque j’ai décroché le téléphone, il ne fonctionnait pas; quand j’ai essayé d’allumer la télévision, elle ne marchait pas. Mon mari a regardé par la fenêtre. Il a dit qu’il voyait des gens sortir en courant du bâtiment dans différentes directions, puis des policiers postés autour de l’hôtel, avec parmi eux des soldats de l’OTAN. Nous sommes restés coincés toute la nuit pendant qu’ils cherchaient deux autres kamikazes. Finalement il s’est avéré que c’était une rumeur et nous avons été escortés jusqu’à l’extérieur.

Après notre mariage, quand mous nous sommes installés en Australie, j’avais trop peur de retourner en Afghanistan. Maintenant que j’ai une fille, j’ai encore plus le sentiment que ce pays n’est pas sûr. Je suis revenue avec elle l’an dernier, pour pouvoir rendre visite à ma mère qui est seule en Afghanistan. Le deuxième ou le troisième jour, au milieu de la zone où nous logions, un autre attentat-suicide a eu lieu. Ma fille avait huit mois. Soudain elle a crié et s’est mise à pleurer, alors que le bâtiment tremblait. Après cela, je ne suis pas sortie de tout le mois que j’ai passé là-bas, sauf pour aller voir ma mère. À chaque fois que j’essaie d’imaginer un avenir en Afghanistan et que j’y retourne, il se passe quelque chose qui me fait fuir.