Dans certaines régions, les femmes sont privées de leurs droits les plus fondamentaux. © APGraphicsBank
Dans certaines régions, les femmes sont privées de leurs droits les plus fondamentaux. © APGraphicsBank

Afghanistan La difficile réconciliation avec les talibans

20 juin 2103
Les États-Unis ont annoncé des pourparlers de paix avec le groupe armé des talibans d’Afghanistan. Les droits humains, et notamment les droits des femmes, doivent être pleinement pris en compte dans le cadre de tout éventuel accord de paix conclu dans ce cadre.

Ces pourparlers ont lieu alors que l’OTAN vient de transférer aux forces afghanes la responsabilité de la sécurité dans le pays. La première rencontre doit avoir lieu prochainement à Doha, au Qatar, où les talibans ont un bureau depuis peu.

«Tout accord avec les talibans doit contenir des engagements obligatoires très clairs qui garantiront les droits de l'ensemble des femmes, des hommes et des enfants afghans», a souligné Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. «Le processus de paix ne doit pas permettre que des membres des talibans ou qui que ce soit d’autre puissent bénéficier d’une immunité de poursuites.»

Les pourparlers de paix doivent respecter l’état de droit, et ne pas priver de justice les victimes de violations des droits humains et de crimes de guerre – qu'ils aient été perpétrés par les forces progouvernementales ou les groupes insurgés. Les droits humains et la justice ne sauraient être sacrifiés au nom de l’opportunisme militaire et politique. Dans ce sens, Amnesty International a demandé au gouvernement afghan d'abroger la loi de 2007 sur la réconciliation nationale et la stabilité. En vertu de ce texte, des personnes s’étant rendues coupables de violations graves des droits humains au cours des 30 dernières années seraient à l’abri des poursuites pénales. Les talibans acceptant de coopérer avec le gouvernement afghan seraient également exemptés de poursuites.

Les civils et les femmes, premières victimes des talibans

Le bilan des talibans sur le plan des droits humains est épouvantable, que l’on parle de l’époque où ils étaient au pouvoir ou des insurgés d’aujourd’hui. Les groupes de la société civile afghane ont demandé au gouvernement que les droits humains ne soient pas «bradés» en vue d’une réconciliation avec les talibans. Jusqu’à maintenant, leurs voix ont été largement ignorées.

Les droits des femmes sont également mis à mal. Dans les zones sous leur contrôle, les fillettes et les femmes se voient privées d’éducation, d’emploi, de liberté de mouvement, ainsi que de toute participation et représentation politique. La discrimination envers les femmes au sein du gouvernement afghan n’arrangera rien. L’organe chargé de diriger les pourparlers ne compte que neuf femmes, sur 70 membres. Or, même ces femmes sont écartées de certaines négociations importantes. «La participation de femmes doit être véritable et significative, et leurs principales préoccupations doivent être pleinement prises en considération», a indiqué Polly Truscott.

Dans le contexte de leur insurrection, les combattants talibans ont pris pour cibles et tué des civils qu’ils considèrent comme des «espions» du gouvernement afghan et des forces internationales. Ils se sont notamment rendus coupables d’enlèvements, tuant souvent leurs victimes.

Les talibans n’observent guère de distinction entre cibles civiles et militaires, et ont lancé des centaines d'attaques aveugles. Au cours d’attentats suicides et d’attaques à la bombe, des centaines de civils, dont des enfants, ont trouvé la mort. Sur 3 092 personnes tuées ou blessées en 2013, plus de 2 280 ont été victimes d’attentats talibans.