Des représentants de l'OTAN se réunissent à Bruxelles les 4-5 juin 2013 pour discuter, notamment, du processus de transition et de la «période de transformation» après 2014. «L'Afghanistan traverse une période cruciale dans la transition de sa sécurité, et il est essentiel que les droits humains ne soient pas oubliés par le gouvernement afghan et ses partenaires internationaux», a souligné Isabelle Arradon, directrice adjointe d’Amnesty International pour la région Asie-Pacifique.
Les civils, victimes exposées à toutes les violences
Les civils sont les premières victimes du conflit afghan. Des inquiétudes demeurent quant à l'absence de responsabilité des forces de sécurité afghanes et internationales pour les préjudices civils résultant de leurs opérations militaires. Selon les chiffres de l'ONU, plus de 2 700 civils ont été tués en 2012. Les forces afghanes et la FIAS seraient responsables de 8% des morts. «La lumière doit être faite sur les allégations faisant état de victimes civiles et de dommages causés par leurs opérations. Si cela n’est pas fait avant 2014, de nombreuses affaires non réglées risquent de rester en suspens», a ajouté Isabelle Arradon.
Plus d'un demi-million de personnes sont toujours déplacées en Afghanistan, et il existe un risque réel que ce nombre augmente si des solutions de sécurité ne sont pas mises en place en urgence. Beaucoup d'Afghans déplacés sont forcés de vivre dans des taudis, dans des conditions sanitaires déplorables (assainissement et accès insuffisant à l'eau, à la nourriture, à l'éducation et à la santé, entre autres). Ils doivent aussi faire face à des menaces d'expulsion forcée. «Les pays de l'OTAN qui débattent des problèmes de transition en matière de sécurité doivent aussi répondre à l'impact du conflit sur les déplacements. Les forces afghanes et internationales doivent redoubler d'efforts pour surveiller l'impact des opérations militaires sur les populations locales.», a ajouté Isabelle Arradon.
Pour garantir le respect des libertés fondamentales, il est nécessaire d'insister davantage sur la formation de tout le personnel concerné par la sécurité du pays, notamment la police locale afghane. Celle-ci doit bénéficier d’une plus grande information sur les droits humains et le droit international humanitaire pour veiller à leur application.
Les femmes, encore et toujours au second plan
En outre, beaucoup de femmes afghanes craignent que les droits qu’elles ont obtenus soient compromis, voire «bradé», du fait que le gouvernement afghan cherche un règlement politique avec les talibans et d'autres groupes d'insurgés. Tous les États, y compris les États de l'OTAN et le gouvernement afghan, doivent mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies touchant à la sécurité des femmes en Afghanistan et à leur rôle dans la résolution des conflits.
Neuf des 70 membres du Conseil supérieur de la paix sont des femmes, ce qui est peu. Cet organe du gouvernement afghan est chargé de diriger les pourparlers de paix et de réconciliation avec les talibans et d'autres groupes armés. La parité doit être recherchée par toutes les parties prenantes, et à tous les niveaux de l’administration étatique et judiciaire. La Constitution afghane garantit par exemple que la représentation des femmes au Parlement soit d'au moins 25%. «L'inclusion des femmes dans les négociations de paix doit être réelle et significative, et leurs préoccupations doivent être prises en compte.» a conclu Isabelle Arradon.