Les Talibans ont donné l'assaut sur Kunduz le 28 septembre 2015, ils ont pillé des locaux et subtilisé des équipements, notamment des véhicules d'organisations humanitaires. | © Steve Dupont
Les Talibans ont donné l'assaut sur Kunduz le 28 septembre 2015, ils ont pillé des locaux et subtilisé des équipements, notamment des véhicules d'organisations humanitaires. | © Steve Dupont

Afghanistan Les Talibans exposent les civils au danger en se cachant chez l’habitant

30 septembre 2015

Les talibans font courir des risques aux civils dans le cadre du conflit à Kunduz, en se cachant dans les logements de particuliers et en frappant à toutes les portes afin de trouver des membres des forces de sécurité ou des fonctionnaires afghans.

Alors que les affrontements se poursuivent à Kunduz tandis que les forces afghanes de sécurité essaient de reprendre la capitale provinciale, des résidents locaux ont indiqué que des combattants talibans se cachent chez l’habitant afin de se fondre parmi la population civile. Des représentants du gouvernement ont par ailleurs confirmé que les combats ont fait au moins 16 victimes parmi les civils, mais le chiffre réel pourrait être beaucoup plus élevé ; les Nations unies s’efforcent à l'heure actuelle de vérifier des allégations selon lesquelles au moins 110 civils ont été tués.

Civils, première cible des violences

«Les civils sont les premiers touchés par les terribles violences dont Kunduz est le théâtre. En se cachant chez les résidents, les combattants talibans les exposent aux attaques. Certaines informations font par ailleurs état de fouilles menées systématiquement par les talibans chez les civils afin de trouver des personnes liées aux forces de sécurité ou au gouvernement», a déclaré David Griffiths, directeur des recherches en Asie du Sud à Amnesty International.

En vertu du droit international, les parties à un conflit sont tenues de prendre toutes les précautions envisageables afin de protéger des attaques les civils se trouvant sous leur contrôle.

Pillages dans des ONG, média incendié

Depuis que les talibans ont donné l’assaut sur Kunduz lundi 28 septembre 2015, certaines sources ont confirmé qu’ils ont pillé des locaux et confisqué des équipements et véhicules appartenant à des organisations non gouvernementales (ONG), notamment des organisations humanitaires telles que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le droit international prohibe ce genre d’actes.

Les talibans ont également incendié les bureaux et détruit la plupart des équipements de Roshani TV et radio, à Kunduz. Ce média indépendant avait été fondé en 2002 et s’était illustré pour avoir mis l'accent sur des sujets traitant principalement des femmes.

«Les attaques visant des groupes de la société civile et les médias doivent cesser immédiatement. Ces organisations effectuent un travail essentiel en Afghanistan et il est choquant qu’elles soient prises pour cible de la sorte», a déclaré David Griffiths.

«L’incendie provoqué dans les bureaux de Roshani TV et radio est une attaque flagrante contre la liberté d'expression et un signal de très mauvais augure pour les droits des femmes. Il est très inquiétant que quelques heures à peine après avoir pris le contrôle de la ville, les talibans semblent déjà s’attaquer aux médias indépendants.»

Utilisation de véhicules humanitaires

Des photos publiées sur les médias sociaux montreraient par ailleurs des combattants talibans en train d’utiliser un véhicule appartenant au CICR. Tuer, blesser ou capturer un adversaire en se faisant passer pour des professionnels de la santé, c’est-à-dire faire preuve de perfidie, est un crime de guerre.

«Il est crucial que toutes les parties au conflit respectent l’indépendance et l’impartialité des organisations humanitaires. Le logo du CICR ne doit être utilisé par un combattant sous aucune circonstance», a déclaré David Griffiths.