Taïbeh Abbasi et son frère n'ont finalement pas été déportés vers l'Afghanistan où leur vie aurait été en danger  © Amnesty International
Taïbeh Abbasi et son frère n'ont finalement pas été déportés vers l'Afghanistan où leur vie aurait été en danger © Amnesty International

Norvège / Afghanistan L’expulsion de Taibeh Abbasi et de ses frères stoppée in extremis

18.06.2019
Taibeh Abbasi, 16 ans, et ses frères Eshan 16 ans et Yasin, 22 ans, ont été expulsés depuis la Norvège vers Istanbul samedi 15 juin, avec leur mère. Le gouvernement norvégien a finalement dû renoncer à la déportation vers Kaboul du fait du refus de l’Afghanistan de réadmettre les trois frères et sœurs.

Du fait de ses problèmes de santé, la mère a finalement été renvoyée en Norvège, mais les enfants ont risqué d’être embarqués à bord d’un avion pour Kaboul avant que l’expulsion ne soit finalement stoppée quelques heures à peine avant le décollage.

«Déraciner ces trois jeunes gens de la communauté dans laquelle ils vivent depuis plus de sept ans et les expulser, seuls, vers une zone de guerre aurait constitué un abus de pouvoir injustifiable», a déclaré Massimo Moratti, directeur adjoint pour l’Europe à Amnesty International.

«L’Afghanistan n’est pas un pays sûr en ce qui concerne les renvois et si cette expulsion impitoyable et inutile avait été menée jusqu’au bout, la famille aurait été séparée, et la vie de ces trois jeunes gens mise en danger.»

Née en Iran de parents afghans, Taibeh Abbasi a pris la fuite pour la Norvège avec sa mère et ses deux frères en 2012. Elle défend avec courage les droits humains, s’exprimant au nom de sa famille, que les habitants de la ville de Trondheim soutiennent pleinement.

Le gouvernement norvégien a justifié la mesure d’expulsion de la famille en affirmant que l'Afghanistan est un pays sûr. Cette affirmation est balayée par les niveaux de violence record recensés en Afghanistan. Début juin, l’Institut pour l'Économie et la Paix a décrit l’Afghanistan comme étant le pays «le moins pacifique» du monde.

«La Norvège doit mettre un terme aux renvois dangereux et illégaux de demandeurs d’asile vers l’Afghanistan.Massimo Moratti, directeur adjoint pour l'Europe, Amnesty International

«Cette expulsion illustre la cruauté et le caractère déshumanisant des politiques menées par de nombreux gouvernements européens, qui ferment les yeux sur les réalités de la vie en Afghanistan, dans le but d’augmenter le nombre de renvois», a déclaré Massimo Moratti.

«La Norvège doit mettre un terme aux renvois dangereux et illégaux de demandeurs d’asile vers l’Afghanistan.»

Complément d’information

Depuis 2017, plus de 280 000 personnes ont signé la pétition d’Amnesty International demandant au gouvernement norvégien de ne pas expulser Taibeh et sa famille.

La Norvège expulse un plus grand nombre d'Afghans que tous les autres États européens ou presque – en proportion de sa population, mais aussi en chiffres absolus. Selon les autorités afghanes, 32 % des personnes expulsées d'Europe dans le pays au cours des quatre premiers mois de l’année 2017 (soit 97 personnes sur 304) venaient de Norvège.

En 2018, les Nations unies ont recensé un nombre record de morts parmi les civils en Afghanistan, et notamment le nombre le plus élevé jamais recensé d’enfants tués dans le conflit. Le bilan s’élevait à environ 11 000 victimes, dont 3 804 morts et 7 189 blessés.