«L’Afghanistan n’est pas un pays sûr, cela fait des années que rien n’a changé sur ce point», affirme Julia Duchrow, représentante du secrétaire général d’Amnesty International en Allemagne. «Contrairement à ce que prétendent le ministère fédéral de l’Intérieur et les ministres de l’Intérieur de certains Länder, aucune région n’est sûre là-bas.» C’est la raison pour laquelle Amnesty International exige à nouveau un arrêt immédiat des renvois.
«C’est irresponsable d’expulser à l’heure actuelle des personnes en Afghanistan tout en sachant que c’est un pays où règnent le chaos et la violence !» Alexandra Karle, directrice d’Amnesty International Suisse
Demain, mardi 6 juillet, un nouveau renvoi collectif est prévu depuis l’Allemagne vers Hindukusch. Selon Julia Duchrow : «Les derniers soldats de l’armée allemande sont à peine revenus d’Afghanistan que le gouvernement renvoie des personnes précisément dans ce pays qui est bien loin de pouvoir offrir ne serait-ce qu’un peu de sécurité et de stabilité.»
«C’est irresponsable d’expulser à l’heure actuelle des personnes en Afghanistan tout en sachant que c’est un pays où règnent le chaos et la violence !», s’insurge Alexandra Karle, directrice d’Amnesty International Suisse. «Après une interruption liée au coronavirus, les autorités suisses veulent visiblement profiter d’une période de prétendue sûreté dans certaines zones pour procéder aux derniers renvois avant que la situation ne s’aggrave complètement.»
En comparaison avec l’Europe, la Suisse présente certes un taux élevé de protection de 84 % pour les requérant·e·s d’asile en provenance de l’Afghanistan, mais près de 140 décisions de renvoi doivent être exécutées. Les autorités déclarent vouloir procéder aux rapatriements sur des vols réguliers et non sur des vols groupés.
Complément d’information
D’après les données de l’actuel Global Peace Index, l’Afghanistan est, depuis la troisième année consécutive, le pays le plus dangereux au monde. Selon l’UNAMA (United Nations Assistance Mission in Afghanistan), plus de 570 personnes sont mortes entre janvier et mars dans des attaques, lors d’assassinats organisés et d’assauts de groupes armés et plus de 1200 ont été blessées.
Aujourd’hui, aucune région d’Afghanistan n’est sûre, pas même Kaboul, la capitale. Des affrontements armés ont lieu dans plus de 20 provinces entre les troupes du gouvernement et les talibans. Amnesty International considère qu’expulser des personnes en Afghanistan constitue une violation du principe de non-refoulement et du droit international.
La mise en danger et l’absence de perspectives des personnes qui retournent en Afghanistan sont détaillées dans l’étude Erfahrungen und Perspektiven abgeschobener Afghanen sortie en juin 2021 et menée par Diaconie et Brot für die Welt.
Depuis 2016, 1077 personnes ont été expulsées en Afghanistan depuis l’Allemagne, dont 140 rien qu’en 2021. 22 personnes ont été expulsées depuis la Suisse depuis 2016, aucune cette année.