Cambodge L'injustice règne toujours, malgré la libération sous caution d'une militante

25 novembre 2013
La remise en liberté provisoire de Yorm Bopha, militante du droit au logement, apporte un grand soulagement à sa famille et aux habitants de son quartier, mais il faut aller plus loin, a déclaré Amnesty International après que la Cour suprême du Cambodge a accordé à cette femme une libération sous caution, le 22 novembre,  et a renvoyé le dossier devant la Cour d'appel.

131125_Yorm_Bopha.jpg Yorm Bopha est l'une des figures de l'édition 2013 du marathon des lettres d'Amnesty International. © AI

«Nous sommes heureux d'apprendre que Yorm Bopha est libérée, mais sa condamnation est maintenue et l'affaire n'est pas close, ce qui est décevant, a déclaré Rupert Abbott, chercheur d'Amnesty International sur le Cambodge, qui a assisté à l'audience du 22 novembre. Elle n'aurait jamais dû être emprisonnée et séparée de son petit garçon et de sa famille», a-t-il ajouté.

Amnesty International considère Yorm Bopha comme une prisonnière d'opinion, car son action en faveur des droits humains constitue manifestement la véritable raison de son emprisonnement. Elle avait défendu les droits des habitants des rives de l'ancien lac Boeung Kak, à Phnom Penh, la capitale, qui, par milliers, ont été expulsés de force de chez eux depuis 2007.

Yorm Bopha, 30 ans, mère d'un enfant, accusée en septembre 2012 d’avoir fomenté une agression contre deux hommes, a été arrêtée sous ce motif et est restée en prison depuis. En décembre 2012, elle a été condamnée pour «violences volontaires avec circonstances aggravantes», sans qu'aucune preuve n'ait été retenue contre elle, seuls des témoignages contradictoires étant invoqués.

En juin 2013, la Cour d'appel du Cambodge a confirmé la condamnation de Yorm Bopha en réduisant sa peine de trois ans d'emprisonnement à deux ans de prison ferme et un an avec sursis. Elle ne devait être libérée qu'en septembre 2014. Mais le 22 novembre 2013, la Cour suprême du Cambodge l'a libérée sous caution et a demandé à la Cour d'appel de réexaminer son dossier.

Résultat encourageant

Le cas de Yorm Bopha fait partie des 12 cas sélectionnés par Amnesty International pour sa grande campagne de défense des droits humains Écrire pour les droits 2013, une opération mondiale d'une ampleur inégalée. «Même s'il ne s'agit que d'une libération sous caution, Yorm Bopha est libre, et cela prouve que le travail de campagne et le militantisme peuvent vraiment contribuer à changer la vie de femmes et d'hommes victimes d'atteintes aux droits humains, a affirmé Rupert Abbott. Nous continuerons notre action jusqu'à ce que cette femme soit acquittée et libérée sans condition», a-t-il conclu.