Selon ces informations, une lettre anonyme a circulé, demandant aux soutiens de Chen Guangcheng de se diriger ce jour-là vers son domicile, où il fait l’objet d’un placement illégal en résidence surveillée. Amnesty International redoute donc que ces personnes se heurtent à des membres en civil des forces de sécurité, qui repoussent habituellement avec violence le moindre visiteur.
Militant et juriste autodidacte ayant mené une action contre les avortements forcés, Chen Guangcheng a été remis en liberté en septembre 2010 après avoir passé plus de quatre ans en prison. À sa libération, cet homme et sa famille ont été immédiatement placés en résidence surveillée dans son village de Donshigu (province de Shangdong).
Assigné à résidence, les autorités chinoises prétendent que Chen est libre
«Les autorités chinoises affirment que Chen n'est visé par aucune restriction et qu’il est libre de mener une vie qu’elles qualifient de normale», a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.
«Il n’y a rien de normal à être illégalement enfermé chez soi, au cœur d’un vaste dispositif de sécurité, ni à voir ses visiteurs arrêtés et brutalisés par des voyous à l'entrée du village.»
D’après certaines informations relayées par les médias, des sympathisants et des groupes locaux de défense des droits humains, 100 gardes sont chargés de surveiller cette famille 24 heures sur 24, et des caméras de surveillance ont été installées dans le village.
Visiteurs de Chen frappés jusqu'au sang
Des personnes ayant essayé de rendre visite à Chen ces derniers mois affirment sur des sites Internet chinois basés à l’étranger qu’elles ont été frappées jusqu’au sang, que leurs affaires leur ont été volées et qu’on les a conduites hors du village avec des sacs sur la tête.
«Même un moine venu suspendre un chapelet a été escorté hors des lieux», aurait déclaré un militant.
He Peirong (dont le nom d’utilisateur sur Twitter est @pearlher), connue pour essayer régulièrement de rendre visite à Chen Guangcheng, a été brièvement placée en détention au cours de la semaine du 7 novembre 2011 à Nanjing et s’est vu ordonner de quitter la ville avant l’anniversaire de Chen.
«Les autorités de la ville de Linyi doivent mettre un terme aux violences honteuses et illégales dont sont victimes des visiteurs pacifiques», a ajouté Sam Zarifi.
«Le gouvernement central doit prendre ses responsabilités quant à la manière dont Chen Guangcheng a été traité, et faire cesser les manœuvres d’intimidation, de harcèlement et les arrestations visant ses sympathisants.»
Frappés pour avoir dénoncé les conditions d'assignation à résidence
Chen Guangcheng et son épouse ont été frappés par des policiers en civil parce qu’ils avaient rendues publiques en février des séquences vidéo illustrant à quel point les conditions de leur placement en résidence surveillée étaient restrictives. Beaucoup d’autres juristes et militants ayant pris sa défense à travers le pays étaient parmi les nombreuses personnes arrêtées en relation avec la «révolution du Jasmin» en début d’année 2011.
Une cyber-campagne menée en sa faveur, dans le cadre de laquelle des sympathisants ont diffusé en ligne des photos d’eux-mêmes portant des lunettes noires, ou mis des lunettes noires sur leur photo de profil sur des sites de réseaux sociaux, est de plus en plus suivie.