Dix jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Pékin, Amnesty International dresse un sombre bilan de la situation des droits humains dans le pays-hôte. «Les autorités chinoises dérogent aux promesses faites lorsque leur candidature a été retenue pour accueillir les Jeux olympiques il y a sept ans. Les multiples violations des droits humains ternissent l'image des Jeux de Pékin», a indiqué Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International lors d’une conférence de presse à Hong Kong. « Les autorités doivent libérer tous les militants pacifiques emprisonnés, autoriser les journalistes chinois et étrangers à travailler librement et progresser plus avant vers la suppression de la peine de mort.»
Le rapport d’Amnesty International publié aujourd’hui, intitulé The Olympics Countdown: Broken Promises, conclut que la situation des droits humains ne s’est pas améliorée en Chine. Au contraire : sur la plupart des points examinés, les droits fondamentaux n’ont pas cessé de se dégrader à l’approche des Jeux olympiques. Selon les estimations d’Amnesty International, la Chine exécute chaque année davantage de personnes que tous les autres pays réunis. Durant la phase de préparation des JO, les autorités chinoises ont enfermé, assigné à domicile et expulsé de force des personnes considérées comme une menace potentielle pour l’image de «stabilité» et d’«harmonie» qu’elles souhaitent présenter à la face du monde. Elles ont réduit au silence des défenseurs célèbres des droits humains comme Hu Jia ou Ye Guozhu, simplement parce qu’ils avaient dénoncé des violations des droits humains liées aux Jeux olympiques.
La stratégie de «diplomatie tranquille» du Comité international olympique (CIO) n’a pas porté ses fruits. Jacques Rogge a récemment affirmé à l’AFP que grâce aux efforts du CIO, les journalistes pourraient pour la première fois travailler librement en Chine durant les JO et qu’il n’y aurait plus de censure sur internet. Le rapport d’Amnesty International présente un autre constat: il existe toujours des restrictions au travail des journalistes chinois et étrangers et à l’accès aux informations sur internet. «Amnesty International salue le fait que le CIO reconnaisse son rôle quant à la situation des droits humains en Chine. Mais le CIO doit aussi se faire entendre lorsque les autorités foulent aux pieds les grands principes olympiques», a expliqué Roseann Rife. «Les dirigeants du monde qui assistent aux Jeux olympiques doivent eux aussi se prononcer publiquement en faveur des droits humains en Chine et pour la libération des citoyens chinois qui défendent ces droits. S’ils ne le font pas, ils diront au monde entier qu’un gouvernement peut accueillir les Jeux olympiques dans un climat de répression et de persécution.»
En vue des Jeux olympiques, la Section suisse d’Amnesty International a aussi mené un dialogue très constructif avec Swiss Olympic, l’organisation faîtière du sport suisse. «Amnesty International aurait souhaité, avec l’aide de Swiss Olympic, informer la délégation suisse sur la situation des droits humains en Chine. Cela n’a malheureusement pas été possible, alors que d’autres pays européens l’ont fait», a déclaré Manon Schick, porte-parole de la Section suisse d’Amnesty International. «Swiss Olympic n’a pas pris officiellement position au sujet de la situation des droits humains en Chine, et nous le regrettons vivement.» Pour Amnesty International, il est nécessaire que ce dialogue sur le sport et les droits humains se poursuive après les Jeux olympiques.
Communiqué de presse publié le 29 juillet 2008, Hong Kong / Lausanne.
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