Les conditions dans lesquelles les quatre Ouïghours ont été transférés de Guantánamo aux Bermudes ne sont pour l’instant pas claires: on ignore si les hommes concernés et leurs avocats ont été consultés au préalable. «Les autorités des Etats-Unis et des Bermudes doivent immédiatement clarifier si et comment la liberté de mouvement des ex-détenus sera restreinte et prévoir des mesures de réinsertion. Après avoir passé plus de sept ans à Guantánamo dans une situation de non-droit, ces détenus ont droit à une solution durable et qui corresponde à leurs besoins. Ils auront besoin de beaucoup d’aide pour se reconstruire, quel que soit le pays qui les accueillera. Aucune solution durable ne sera trouvée sans leur consentement », a déclaré Lukas Labhardt, expert d’Amnesty International sur Guantánamo.
L’Office fédéral des migrations a rejeté en novembre 2008 la demande d’asile de trois détenus de Guantánamo, un Libyen, un Algérien et un Ouïghour de Chine. Amnesty International soutient un recours contre cette décision auprès du Tribunal administratif fédéral. En janvier 2009, le Conseil fédéral s’est déclaré prêt à étudier la possibilité d’une admission humanitaire de détenus de Guantánamo en Suisse.
Complément d’information
Jusqu’au transfert de quatre d’entre eux aux Bermudes, dix-sept Ouïghours étaient maintenus en détention sans inculpation ni jugement à Guantánamo depuis 2002, alors qu’il y a plus de huit mois un juge fédéral américain a conclu à l’illégalité de leur détention et ordonné leur libération immédiate aux États-Unis. Les autorités américaines ont fait appel et eu gain de cause – l’affaire repose désormais entre les mains de la Cour suprême. Elles maintiennent ces hommes en détention, faisant valoir qu’il appartient aux branches politiques du gouvernement de décider qui doit être relâché sur le sol américain.
Les dix-sept Ouïghours ont reçu le feu vert pour être libérés à divers moments entre 2003 et 2008, mais aucun pays n’était disposé à les accueillir. En 2006, l’Albanie a accueilli cinq autres Ouïghours détenus à Guantánamo. Le président de Palau s’était déclaré prêt le 10 juin à accueillir les 17 Ouïghours. Bien que leur remise en liberté sur le sol américain ait été ordonnée par la justice en octobre 2008, les autorités américaines n'ont pas assumé leur responsabilité en leur permettant de reconstruire leur vie sur le continent et n'ont cessé de chercher d’autres pays prêts à l’endosser.
Communiqué de presse publié le 11 juin 2009, Berne / Lausanne.
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