Chine Mort suspecte d'un défenseur des droits fonciers emprisonné

Xue Jinbo, défenseur des droits fonciers, a manifesté contre les confiscations violentes et illégales des terres par les autorités chinoises. Il a été emprisonné et est décédé quelques jours plus tard.

Des policiers ont effectué une descente à Wukan vendredi 9 décembre 2011 pour arrêter Xue Jinbo et quatre autres personnes qui représentaient les villageois dans le mouvement de protestation contre la confiscation de terres. La police les a soupçonnés d’avoir mené en septembre 2011 une manifestation au cours de laquelle des protestataires ont envahi des bâtiments gouvernementaux et retourné des voi-tures de police. La police antiémeutes a réagi en frappant des villageois, dont au moins deux enfants d’après certains médias.

Le dimanche suivant, 11 décembre 2011, un millier d’agents armés sont arrivés aux abords du village, selon certaines informations parues dans les médias, mais les habitants les ont bloqués. Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les villageois mais ont fini par se retirer, en formant un barrage autour du village. Le même jour, Xue Jinbo, 43 ans, est mort lors de sa troisième journée en détention.

Xue Jinbo aurait été torturé en prison et forcé à avouer

Des membres de sa famille et des villageois ont déclaré à des journalistes que Xue Jinbo semblait avoir été torturé car son corps présentait des contusions sombres ainsi que des coupures au visage et ses deux pouces paraissaient cassés.

Les autorités de la ville de Shanwei, dont dépend Wukan, ont indiqué dans une déclaration qu’elles avaient interrogé Xue Jinbo à deux reprises pendant sa détention. Elles ont affirmé qu’il avait «avoué» avoir participé aux événements du 21 septembre 2011, notamment à la «destruction de biens publics».

Elles ont précisé qu’il paraissait malade dimanche 11 décembre 2011 et qu’elles l’avaient envoyé à l’hôpital, où il est décédé à la suite d’une défaillance cardiaque 30 minutes après son arrivée. Selon les autorités, le département de médecine légale de l’université de Zhongshan a mené une «enquête» et confirmé la cause de la mort, mais elles accepteraient qu’une autopsie soit pratiquée.

Une enquête doit absolument déterminer la cause exacte de la mort de Xue Jinbo

«Les autorités doivent permettre l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante sur la mort de Xue Jinbo, pour prouver qu’il n’est pas mort des suites de mauvais traitements ou d’actes de torture aux mains de représentants de l’État, a souligné Catherine Baber, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

«Malheureusement, malgré les discours du gouvernement promettant de protéger les citoyens des viola-tions de leurs droits lors des expulsions, nous continuons de recevoir des informations selon lesquelles des habitants sont battus, détenus voire tués en essayant de protéger leurs terres – parfois par les auto-rités mêmes qui sont censées les protéger.»

14 décembre 2011