Répression en Chine Signes d'inquiétude en rapport avec les manifestations du Moyen-Orient

21 janvier 2011
Lundi 21 février, Amnesty International a exhorté les autorités chinoises à mettre un terme à la privation de liberté et au harcèlement de plus de 100 militants visés par des mesures ayant semble-t-il pour but de bloquer l'organisation de manifestations inspirées par les actions de protestation dont le Moyen-Orient est le théâtre.

Une douzaine d'avocats de premier plan spécialisés dans la défense des droits humains figurent parmi les personnes arrêtées ou soumises à diverses formes d'assignation à domicile ou méthodes de surveillance. Ces mesures font suite à un appel anonyme diffusé par le biais des médias sociaux, qui proposait de mettre en place une version chinoise de la «révolution du jasmin» tunisienne.

«Cette vague d'arrestations est très préoccupante et semble n'être qu'une réaction malencontreuse, due à la peur, face aux événements se déroulant en Afrique du Nord et au Moyen-Orient», a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie et Pacifique d'Amnesty International.

«Le gouvernement chinois semble croire qu'il peut tout simplement bafouer la loi et enfermer quiconque est susceptible de ne serait-ce que penser à critiquer ses politiques. C'est là une tendance choquante, qui ne cesse en outre de s'aggraver.»

Appel à manifester en ligne

Jeudi 17 février, Boxun, un site d'information basé aux États-Unis, s'est fait l'écho d'un appel anonyme encourageant les Chinois à manifester à travers le pays dimanche 20 février.

La nouvelle de cet appel s'est vite répandue par le biais de Twitter et des blogs, exhortant les manifestants à proclamer : «Nous voulons à manger, nous voulons du travail, nous voulons des logements, nous voulons l'équité.»

Les proches de personnes prises pour cibles ont déclaré qu'ils soupçonnaient que ces mesures de répression avaient été prises en réaction à l'appel à manifester, bien que la police n'ait fourni aucune explication.

Arrestations

«Arrêter des personnes n'ayant commis aucune infraction n'accomplira rien d'autre que mettre en péril la stabilité du pays en favorisant la méfiance et en répandant la peur», a expliqué Sam Zarifi.

«Nous espérons que les dirigeants chinois mettront fin à ces mesures de répression et commenceront à faire participer leurs concitoyens à des débats constructifs et pacifiques sur la manière d'améliorer la vie de tous les Chinois.»

Certains des avocats visés s'étaient rassemblés à Pékin la semaine dernière pour évoquer le cas de Chen Guangcheng, un ancien prisonnier d'opinion ayant récemment diffusé une vidéo filmée clandestinement décrivant le quotidien de sa famille, qui se trouve actuellement en résidence surveillée.

Les avocats ont également discuté de la manière d'agir face à la pratique gouvernementale consistant à illégalement assigner à résidence des prisonniers remis en liberté.


Avocats derrière les barreaux

Un avocat de Pékin, Tang Jitian, a été arrêté peu après la réunion, mercredi 16 février, et n'a pas encore été remis en liberté.

Il semble que les informations relayées par Boxun ont poussé les autorités à sévir encore davantage contre quiconque pouvait être tenté de s'exprimer haut et fort sur la question.

La police a appréhendé l'avocat Jiang Tianyong samedi 19 février au domicile de son frère, et sa famille n'a eu aucun contact direct avec lui depuis lors. Plus tard cette nuit-là, la police est retournée chez le frère de Jiang Tianyong et a confisqué un ordinateur ainsi que plusieurs affaires personnelles.

La police a dit à la famille que Jiang Tianyong était détenu en relation avec une infraction, mais n'a donné aucun détail sur le lieu où il était incarcéré ni présenté de document délivré par la justice.

Teng Biao, universitaire spécialiste du droit, et Gu Chuan, militant, tous deux de Pékin, ont également été arrêtés au cours du weekend, de même que Chen Wei et Ran Yunfei, cybermilitants résidant dans la province du Sichuan. Aucune de ces personnes n'a été relâchée.

D'autres avocats de premier plan spécialisés dans la défense des droits humains, dont Li Fangping et Xu Zhiyong, sont sous surveillance policière.