En Chine, les expulsions forcées accompagnées de violences sont en augmentation, les autorités cherchant à éponger d'énormes dettes en saisissant et en vendant des terrains dans des transactions douteuses avec des promoteurs immobiliers.
Les gouvernements locaux ont emprunté de très grosses sommes à des banques d'État pour financer des projets visant à stimuler la croissance et comptent désormais sur la vente de terrains pour les rembourser. Pour cette raison, à travers tout le pays, des personnes vivant tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines sont obligées de quitter leur foyer, rouées de coups, harcelées et placées en détention ; certaines ont même trouvé la mort.
«Les autorités chinoises doivent immédiatement mettre fin à toutes les expulsions forcées. Il est nécessaire d'en finir avec les incitations politiques, les avantages fiscaux et les avancements professionnels qui encouragent les responsables locaux à poursuivre ces pratiques illégales», a déclaré Nicola Duckworth, directrice générale de la recherche à Amnesty International.
Brutalité des expulsions
Sur les 40 expulsions forcées étudiées en détail par Amnesty International dans le cadre de ses recherches, neuf ont entraîné la mort de personnes qui protestaient contre les expulsions ou refusaient de se laisser expulser. Wang Cuiyan, 70 ans, a été enterrée vivante par une pelleteuse le 3 mars 2010, quand une équipe d'une trentaine d'ouvriers est venue démolir sa maison à Wuhan, une ville de la province du Hubei. Les gouvernements locaux et les promoteurs immobiliers engagent souvent des voyous armés de barres de métal et de couteaux pour brutaliser des habitants.
Dans la majorité des cas, aucune consultation adéquate n'est menée, les résidents ne sont pas avertis à l'avance et aucune solution de relogement adaptée ne leur est proposée, comme le requiert pourtant le droit international, et les éventuelles compensations accordées sont loin de refléter les valeurs marchandes réelles. Des opérations concertées sont menées contre les habitants, avec notamment la suppression de services de base tels que l'eau et le chauffage.
Les fonctionnaires qui s'opposent aux transactions foncières sont souvent victimes de représailles. Et les personnes qui organisent la résistance contre les expulsions forcées sont souvent emprisonnées ou envoyées dans des centres de «rééducation par le travail».
Immolations par le feu
Le manque d'indépendance des tribunaux chinois signifie que les personnes qui cherchent à contester une expulsion ou à demander réparation ont peu d'espoir d'obtenir justice. En outre, les avocats hésitent à accepter de défendre de tels clients par crainte des répercussions. Privées d'accès à la justice, certaines personnes ont recours à la violence, voire s'immolent par le feu en désespoir de cause. Amnesty International a rassemblé des informations sur 41 cas de suicide par le feu liés à des expulsions forcées pour la seule période de 2009-2011. On comptait moins de dix cas au cours des dix années précédentes.
Communiqué de presse publié le 11 octobre 2012, Londres/Lausanne
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