En janvier 2012, les autorités nord-coréennes auraient condamné les personnes passant en Chine illégalement et les auraient menacées de sanctions sévères à leur retour.
«Les déclarations présumées du nouveau gouvernement nord-coréen condamnant les personnes qui traversent la frontière, alors que le pouvoir se trouve dans une phase de transition, pourraient annoncer un durcissement des sanctions appliquées contre celles qui seront renvoyées dans le pays», a déclaré Rajiv Narayan, spécialiste de la Corée du Nord pour Amnesty International.
«Les autorités nord-coréennes doivent veiller à ce que nul ne soit détenu ou poursuivi en justice pour être passé en Chine, ni soumis à des violations flagrantes de ses droits fondamentaux à son retour.
«Les autorités chinoises doivent, quant à elles, cesser d’aller à l’encontre du droit international et de renvoyer de force des personnes dans un pays où elles risquent d’être persécutées, torturées, voire exécutées.»
Le pouvoir est actuellement en phase de transition en Corée du Nord après le décès de Kim Jong-il, à qui son fils, Kim Jong-un, a succédé en décembre 2011.
Détention et travail forcé pour les personnes renvoyées en Corée du Nord
Certaines des personnes renvoyées de force en Corée du Nord risquent d’être placées en détention dans l’un des camps pour prisonniers politiques du pays, comme celui de Yodok, où les détenus, soumis au travail forcé, effectuent jusqu’à 12 heures par jour des tâches extrêmement pénibles.
En 2011, d’anciens détenus du camp de Yodok ont expliqué à Amnesty International que les prisonniers sont contraints de travailler dans des conditions proches de l’esclavage et sont fréquemment soumis à la torture et à d’autres traitements cruels, inhumains et dégradants. Tous les anciens détenus interrogés avaient assisté à des exécutions publiques.
Les Nord-Coréens prennent d'énormes risques pour migrer par la Chine
Les Nord-Coréens ne peuvent pas se rendre à l’étranger sans autorisation de l’État, ce qui rend pratiquement impossible pour eux toute sortie du pays.
Pourtant, chaque année, des milliers d’entre eux gagnent illégalement la Chine en dépit des risques importants qu’ils courent.
En effet, les autorités chinoises considèrent tous les Nord-Coréens sans papiers comme des migrants économiques et les renvoient de force dans leur pays lorsqu’elles les appréhendent.
Au moins 40 Nord-Coréens interpellés alors qu’ils transitaient par la Chine seraient actuellement détenus dans des centres de détention situés dans le nord-est du pays, près de la frontière avec la Corée du Nord. Si ces personnes sont renvoyées dans leur pays, elles risquent fortement de subir des actes de torture et autres mauvais traitements, d’être soumises au travail forcé, d’être emprisonnées dans des camps pour prisonniers politiques, voire d’être exécutées.
La Chine ne doit pas renvoyé des personnes qui risquent d'être torturées ou exécutées
Bien que la Chine soit partie à la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés, elle a empêché le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de s’entretenir avec des Nord-Coréens se trouvant sur son territoire.
Le droit international interdit tout retour forcé, direct ou indirect, vers un pays où la personne concernée risque d’être victime de persécutions, de torture ou d’autres mauvais traitements, voire d’être tuée.
Les autorités nord-coréennes refusent de reconnaître le rôle des observateurs internationaux des droits humains et de les laisser entrer sur le territoire, y compris les délégués d’Amnesty International et le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Corée du Nord.