Le rapport publié aujourd'hui reconnait l'ampleur des détentions arbitraires mises en place par Pékin dans le Xinjiang. © Molly Crabapple
Le rapport publié aujourd'hui reconnait l'ampleur des détentions arbitraires mises en place par Pékin dans le Xinjiang. © Molly Crabapple

Chine Le rapport tant attendu sur le Xinjiang confirme les crimes contre l’humanité

Communiqué de presse du 1er septembre 2022, Londres, Berne – Contact du service de presse
La publication tant attendue du rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme sur les graves violations des droits humains dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine, met en évidence l'ampleur et la gravité des violations des droits humains des minorités dans cette province.

En réponse à la publication du rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), la secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard, a déclaré : «Ce document de 46 pages met à nu l'ampleur et la gravité des violations des droits humains commises dans le Xinjiang – dont Amnesty International avait précédemment conclu qu'elles constituaient des crimes contre l'humanité. Il ne fait guère de doute que le gouvernement chinois s'est battu avec acharnement pour faire pression sur les Nations unies afin de dissimuler les conclusions de ce rapport.»

«Le retard inexcusable pris dans la publication de ce rapport entache le bilan du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, mais cela ne doit pas faire oublier son importance. Il confirme les conclusions d'Amnesty et d'autres organisations crédibles qui font état de pratiques de torture ou de mauvais traitements, ainsi que d'incidents de violence sexuelle et sexiste. Il est essentiel de noter que le rapport conclut que "l'ampleur de la détention arbitraire et discriminatoire de membres de la communauté ouïghoure et d'autres groupes majoritairement musulmans peut constituer des crimes contre l'humanité."»

«Le rapport confirme les conclusions d'Amnesty et d'autres organisations qui font état de pratiques de torture ou de mauvais traitements, ainsi que d'incidents de violence sexuelle et sexiste.»
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

«Maintenant que le HCDH a enfin rendu ses conclusions publiques, il est temps que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mette en place un mécanisme international indépendant pour enquêter sur ces crimes de droit international et sur d'autres violations graves des droits humains au Xinjiang ». 

Tous les États membres ont l'obligation morale de soutenir les propositions visant à examiner le rapport et à mettre en place un mécanisme d'enquête, sous peine de se retrouver du mauvais côté de l'histoire. Les crimes contre l'humanité commis par le gouvernement chinois doivent être sanctionnés, notamment par l'identification et la poursuite éventuelle des personnes soupçonnées d'en être responsables.

Le déni répété de Pékin concernant la crise des droits humains au Xinjiang sonne de plus en plus creux avec cette nouvelle reconnaissance des preuves de crimes contre l'humanité et d'autres violations des droits humains dans la région.

«Les autorités chinoises doivent immédiatement libérer toutes les personnes détenues arbitrairement dans des camps ou des prisons, mettre fin à la persécution des Ouïghours, des Kazakhs et des autres minorités majoritairement musulmanes du Xinjiang, et autoriser immédiatement un véritable accès sans entrave aux observateurs et enquêteurs indépendants des droits humains.»

Contexte

L'évaluation du HCDH sur le Xinjiang a été publiée aujourd'hui, près d'un an après que la Haut-Commissaire Michèle Bachelet a informé le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, en septembre 2021, qu'elle était en cours de «finalisation».

Les autorités chinoises auraient exhorté la Haut-Commissaire à «ne pas publier» l'évaluation sur le Xinjiang.

En mai 2022, Mme Bachelet a effectué une visite officielle en Chine, notamment au Xinjiang, mais elle n'a pas reconnu les graves violations des droits humains commises dans le pays. La déclaration qu'elle a faite à la fin de son voyage a sapé les efforts visant à inciter les autorités à rendre des comptes dans la région, donnant au contraire l'impression qu'elle s'était lancée tout droit dans un exercice de propagande orchestré par le gouvernement chinois. Elle a admis par la suite qu'elle n'avait pas pu parler aux Ouïghours détenus ou à leurs familles pendant son séjour dans le Xinjiang, et qu'elle avait été accompagnée de représentants de l'État à tout moment dans la région.

Dans un projet de lettre adressé à Mme Bachelet, qui a fait l'objet d'une fuite dans les médias le mois dernier, les autorités chinoises auraient exhorté la Haut-Commissaire à «ne pas publier» l'évaluation sur le Xinjiang.

Le mandat de Mme Bachelet en tant que Haut-Commissaire prend fin le 31 août 2022 après qu'elle a décidé de ne pas solliciter un second mandat. 

Depuis 2017, la répression menée par la Chine contre les Ouïghours, les Kazakhs et d'autres minorités ethniques majoritairement musulmanes du Xinjiang, sous couvert de lutte contre le terrorisme, est largement documentée. En 2021, un rapport détaillé d'Amnesty International a démontré que les emprisonnements massifs, la torture et les persécutions systématiques organisés par l'État et perpétrés par les autorités chinoises constituaient des crimes contre l'humanité.