Corée du Nord Un régime de terreur célèbre le «Jour du Soleil»

Berne - Lausanne, le 11 avril 2012. Trois jours avant le «Jour du Soleil» qui célèbre en grande pompe le centième anniversaire de la naissance de Kim II-Sung, fondateur de la République démocratique et populaire de Corée du Nord, Amnesty International attire l'attention sur le régime d'oppression et de terreur généralisé qui y sévit. Les camps pour prisonniers politiques en sont la pierre angulaire et l'expression la plus inhumaine. L'organisation remet une pétition signée par plus de 165'000 personnes à l'ambassade de la Corée du Nord à Berne demandant la fermeture de ces camps.

Plus de 165'000 signatures ont été recueillies dans le monde, demandant la fermeture du tristement célèbre camp de détention de Yodok et de tous les autres camps de détention de prisonniers politiques en Corée du Nord. Reste à savoir si les représentants de l'ambassade de la Corée du Nord à Berne seront prêts à recevoir la pétition. Jusqu'à présent, ils ont refusé d'accorder un entretien à une délégation d'Amnesty International. 

L'existence des camps de détention de prisonniers politiques, connus sous le nom de Kwanliso, est niée par les autorités nord-coréennes. Des images satellites rendues publiques et analysées par Amnesty International ainsi que les témoignages des survivants exilés ont révélé au grand jour cette réalité: environ 200'000 hommes, femmes et enfants vivent enfermés dans au moins six camps de prisonniers politiques. A Yodok, 50'000 personnes sont actuellement détenues sans jugement ou à la suite de procès iniques.

yodok.jpg Des membres d'Amnesty avec 100 kg de pétition demandant la fermeture du camp de Yodok. © Philippe Lionnet

Au total, six camps de prisonniers ont été recensés. Ces camps sont divisés en zones de contrôle révolutionnaire et zones de contrôle total. Dans les premières, les peines purgées vont de quelques mois à dix ans. Dans les zones dites de contrôle total, hommes, femmes et enfants, par familles entières, sont condamnés à passer le reste de leur vie dans des conditions inhumaines: travail forcé, manque de nourriture, tortures, harcèlement sexuel, voire exécutions sont le lot de toutes les personnes officiellement «disparues». L'espérance de vie y est particulièrement basse.

«Dans les camps de prisonniers, des centaines de milliers de personnes croupissent dans des conditions inimaginables. Invisibles du reste du monde, il existe en Corée du Nord des endroits où la protection de tout l'éventail des droits humains est ignorée», a déclaré Rajiv Narayan, experte pour la Corée du Nord à Amnesty International. 

Les camps regroupent les «opposants» au régime, coupables d'avoir écouté de la radio sud-coréenne, critiqué la dynastie au pouvoir, ou encore tenté de trouver refuge dans la Chine voisine. Les autorités chinoises traquent et remettent systématiquement ces réfugiés à leur allié nord-coréen, les exposant en toute connaissance de cause à la torture et à la mort à petit feu, quand ils ne sont pas purement et simplement exécutés à leur retour. Par ailleurs, selon le système de «culpabilité par association», toute personne appartenant sur trois générations à la famille d'un «opposant» est susceptible d'être emprisonnée à vie. On estime qu'au moins la moitié des personnes dans les camps le sont par «association». 

Les images satellites analysées par Amnesty International montrent que la population des camps s'est accrue ces dernières années. L'organisation demande aux autorités nord-coréennes la reconnaissance officielle de l'existence de ces camps, leur fermeture, ainsi que la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et de leurs familles.

 

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Communiqué de presse, Berne-Lausanne, publié le 11 avril 2012
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