Marche pour les droits humains à Bangalore, Inde, 10 décembre 2018. #AbkibaarManavAdhikar / La démocratie n'est pas garantie en Inde lorsque des ONG comme Amnesty subissent des répressions. © Amnesty International Inde
Marche pour les droits humains à Bangalore, Inde, 10 décembre 2018. #AbkibaarManavAdhikar / La démocratie n'est pas garantie en Inde lorsque des ONG comme Amnesty subissent des répressions. © Amnesty International Inde

Inde Amnesty International dans le collimateur des autorités indiennes

Communiqué de presse publié le 26 octobre 2018. Contact du service de presse
Amnesty International Inde est la dernière cible en date des attaques du gouvernement de Narendra Modi à l’encontre de la société civile. Jeudi 25 octobre, l'organe chargé d’enquêter sur les infractions financières, a effectué une perquisition dans les locaux de l’organisation et gelé ses comptes bancaires, interrompant ainsi de fait son travail indispensable de défense des droits humains.

Peu après son attaque contre Greenpeace Inde plus tôt dans le mois, lors de laquelle les comptes bancaires de l’organisation de défense de l’environnement ont été gelés, le gouvernement indien invoque des violations de la réglementation relative aux financements étrangers pour fermer une autre ONG de premier plan.

 «La perquisition effectuée aujourd’hui par les autoritésdans nos locaux montre qu'elles traitent actuellement les organisations de défense des droits humains comme des entreprises criminelles, en utilisant des méthodes brutales qu’on trouve fréquemment dans les États répressifs. Notre personnel subit des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, a déclaré Aakar Patel, directeur exécutif d’Amnesty International Inde.

«En tant qu’organisation attachée à l’état de droit, nous avons toujours veillé à ce que nos activités en Inde soient conformes à la réglementation nationale. Les principes de transparence et d’obligation de rendre des comptes sont au cœur de notre travail. Nous n’avons rien à cacher. Tout ce qui concerne notre structure est disponible dans le domaine public pour que tout le monde puisse le voir.»

La perquisition, qui a duré dix heures, a débuté à 13 h 30 heure indienne le 25 octobre 2018, lorsqu’un groupe de fonctionnaires de la Direction de l’application a pénétré dans les locaux. Après avoir verrouillé les entrées derrière eux, ils ont ordonné au personnel d’Amnesty Inde de ne pas quitter les lieux, de fermer ses ordinateurs portables et de ne pas utiliser ses téléphones.

«Même si ils n'étaient pas autorisés à partir ni à contacter leurs proches, nos collègues ont fait preuve d’une force exemplaire en tenant bon», a déclaré Aakar Patel.

Les questions des autorités étaient centrées sur la relation entre deux entités: Amnesty International India Pvt Ltd et Amnesty International India Foundation.

À la suite de la perquisition, une campagne de dénigrement a été lancée sur les réseaux sociaux et dans les médias progouvernementaux qui s’opposent depuis longtemps aux actions de l’organisation de défense des droits humains. Certains médias ont affirmé avoir accédé à des documents secrets du gouvernement présentant les opérations d’Amnesty Inde comme un obscur réseau d’intrigues .

L'Inde au Conseil des droits de l'homme des Nations unies

La perquisition des locaux d’Amnesty Inde a eu lieu quelques jours après l’élection de l’Inde au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, dont les membres sont tenus de «respecter les plus hautes normes internationales». À cette occasion, le Premier ministre Narendra Modi avait écrit sur Twitter: «Pour nous, les droits humains [et] leur protection ne sont pas de simples formules. Ils sont des articles de foi, que nous veillons continuellement à respecter. À chaque fois que des droits humains fondamentaux ont été supprimés, comme pendant l’état d’urgence, le peuple indien s’est battu inlassablement [et] a fait en sorte que la démocratie et les droits humains prévalent.»

«Notre travail en Inde, comme ailleurs, est de faire respecter les droits humains universels et de lutter pour ceux-ci. Ce sont les mêmes valeurs qui sont inscrites dans la Constitution indienne et issues d’une longue et riche tradition indienne de pluralisme, de tolérance et de diversité des opinions. Ce sont les mêmes valeurs qui ont inspiré la lutte pour la liberté et contre le colonialisme», a déclaré Aakar Patel.

«Nous ne pourrions être plus d’accord avec le Premier ministre que lorsqu'il dit que les périodes de répression, comme pendant l’état d’urgence, ont entaché l’histoire de l’Inde. Malheureusement, il semble que nous soyons revenus à l’une de ces périodes sombres. Au lieu de protéger les droits humains, comme il a promis de le faire, le gouvernement s’en prend à présent aux personnes qui luttent en leur faveur.»

Complément d’information

La perquisition des locaux d’Amnesty Inde est révélatrice d’une tentative concertée de la part des autorités de faire taire les personnes et les organisations qui œuvrent en faveur des droits humains. Les autorités indiennes ont utilisé des allégations d’«irrégularités financières» pour nuire au travail d’autres organisations de défense des droits humains, telles que Lawyers Collective, Sabrang Trust, Navsarjan Trust et People's Watch.

Amnesty Inde travaille inlassablement pour faire progresser les droits humains de toutes les personnes en Inde, notamment au moyen d’initiatives concernant l’éducation aux droits humains et de campagnes pour mettre fin aux discriminations, aux homicides illégaux, à la violence contre les femmes et aux atteintes aux droits humains commises par des entreprises. Son action est menée en collaboration avec les populations et les organisations locales.