Avec près de 220'000 cas confirmés d’infection au coronavirus, près de 9'000 décès et au moins 85'000 personnes guéries (chiffras au 19 mars) le monde doit faire face à l’une des pandémies les plus importantes de notre génération.
Le 19 mars à neuf heures du matin le Gouvernement indien a confirmé 166 cas déclarés de coronavirus dans le pays. Quatre d’entre eux ont été localisés dans le Jammu-et-Cachemire et confirmés par le gouvernement du territoire. Malgré le nombre croissant de cas ce même gouvernement du Jammu-et-Cachemire a ordonné, le 17 mars, le maintien de restrictions sur l’accès à Internet comme la réduction de la vitesse au système 2G. Des fermetures complètes d’Internet ont également été imposées de manière intermittente dans certaines zones sous prétexte de sécurité. Pour contenir la diffusion du virus, le Gouvernement a également ordonné la fermeture des institutions scolaires, des parcs publics, des hôtels des restaurants et imposé des restrictions sur les réunions publiques.
« La pandémie suscite une inquiétude croissante et les restrictions injustifiées sur le contenu et la diffusion de l'information ne font qu'ajouter à la panique. L'arrêt complet d’Internet ou la limitation de la vitesse d’accès rend difficile voire impossible la navigation sur la toile dans une période compliquée. Ceci mine encore plus la confiance de la population vis à vis des autorités. Le gouvernement indien doit adopter une approche respectueuse des droits pour protéger la santé publique et rétablir l'accès à l'internet à haut débit (4G) », a déclaré Avinash Kumar, directeur exécutif d'Amnesty International Inde.
Une approche centrée sur les droits humains doit prévaloir dans tous les efforts de prévention, de préparation, de confinement et de traitement pour protéger la santé publique et soutenir les groupes les plus vulnérables.
Le gouvernement indien doit adopter une approche respectueuse des droits pour protéger la santé publique et rétablir l'accès à l'internet à haut débit. Avinash Kumar, directeur exécutif d'Amnesty International Inde
Le droit à la santé, tel que garanti par la Déclaration universelle des droits de l'homme, prévoit un droit d’accès aux soins médicaux et l'accès aux informations relatives à la santé en constitue un autre élément essentiel. « Fournir l'éducation et l'accès à l'information concernant les principaux problèmes de santé dans la communauté, y compris les méthodes de prévention et de contrôle » est considéré comme une « obligation de priorité comparable » aux obligations fondamentales du droit à la santé. Un récent rapport de situation publié par l'Organisation mondiale de la santé le 17 mars 2020 recommande que le public soit informé de la situation afin de pouvoir prendre les mesures appropriées pour que chacun puisse se protéger et protéger sa famille. Il a également souligné que l'anxiété suscitée par l'épidémie peut être combattue lorsque l'accès à des faits provenant de sources fiables et permettant de déterminer avec précision les risques et de prendre les précautions raisonnables, est garanti.
*La population du Jammu-et-Cachemire a le droit de rester informée de la menace qui pèse sur sa santé et sur les mesures prises ou à prendre pour atténuer les risques. Elle doit pouvoir bénéficier d’un service d’alerte avancée sur les conséquences futures possibles et des informations sur les mesures réactives en cours. Elle a le droit d'être informée dans les langues locales, par le biais des médias et dans des formats facilement compréhensibles et accessibles, afin de pouvoir participer pleinement aux mesures réactives et prendre des décisions en connaissance de cause. Tout manquement à ce droit peut accroître le sentiment d'impuissance, de colère et de frustration, affaiblir la réactivité du public, mettre en danger la santé d'autrui et peut constituer une violation des droits humains.
« La situation sur le front du coronavirus est en constante évolution. Pour assurer sa pleine communication avec la population du Jammu-et-Cachemire, le gouvernement indien doit de toute urgence lever les restrictions qui pèsent sur Internet dans la région et assurer la préparation en temps réel de la population contre la propagation du virus. Les réponses au coronavirus ne peuvent pas être basées sur des violations des droits de l'homme, sur un manque de transparence et sur la censure », a déclaré Avinash Kumar.