Les femmes et les jeunes filles ont subi des violations flagrantes des droits humains aux mains des forces de sécurité indonésiennes. Ils ont surtout été commis lors des conflits qui ont secoué plusieurs régions, dont la province de l’Aceh, et lors de l’occupation du Timor-Leste (1975-1999). Ces crimes incluent des homicides illégaux, des viols et d'autres crimes de violence sexuelle, des actes de torture et des mauvais traitements.
La plupart des victimes n’ont pas eu accès à des services appropriés de santé médicale, psychologique, sexuelle et reproductive ou mentale, ni à des traitements, pour les souffrances causées par ces violences. En outre, chez les victimes de sévices sexuels, l’opprobre associé à ces crimes a engendré une culture du silence : beaucoup craignent de signaler leur cas, ce qui les prive d’obtenir justice, vérité et réparations.
Les femmes souffrent en tant que victimes directes d’atteintes aux droits humains, mais aussi indirectement, en tant que membres de la famille de ceux qui ont été tués ou ont «disparu».
Lutter contre l’impunité et garantir des réparations adéquates
Au titre du droit international, le gouvernement indonésien est tenu de garantir des réparations pleines et entières aux victimes d’atteintes aux droits humains. Il doit mettre au point un programme national de réparation, qui prévoit des mesures de restitution, d’indemnisation, de réadaptation, de satisfaction et des garanties de non-répétition. Amnesty International invite les autorités à élaborer ce programme en consultation avec les victimes, et plus particulièrement avec les femmes, tout en prenant en compte l’expérience différente des hommes, des femmes, et des enfants.
L’organisation se félicite du projet du gouvernement de mettre sur pied une commission vérité et réconciliation. Cependant, une commission vérité ne saurait se substituer à une procédure pénale digne de ce nom. Lorsqu’elle recueille des informations pointant la responsabilité pénale d’un individu, elle se doit de les transmettre aux autorités compétentes afin qu’elles poursuivent les investigations. Lorsqu’il existe suffisamment d’éléments pouvant être retenus, ce responsable présumé de crimes relevant du droit international doit être traduit en justice dans le cadre d’un procès équitable, qui exclut le recours à la peine de mort. Une commission vérité ne doit pas avoir la possibilité de recommander des amnisties ni des mesures similaires d'impunité pour les crimes relevant du droit international.
Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Comité CEDAW) a déjà exhorté l’Indonésie à enquêter dans les meilleurs délais, à engager des poursuites et à sanctionner tous les actes de violence commis contre les femmes, y compris les actes de violence sexuelle. Il l’a également invité à prendre des mesures globales pour offrir un soutien médical et psychologique aux femmes victimes de violences, notamment sexuelles, perpétrées durant les conflits, et à mettre en place des centres d’accueil pour femmes. Amnesty International engage le gouvernement indonésien à agir sans délai pour mettre en œuvre ces recommandations.