Des manifestants demandent la libération d'Aung San Suu Kyi. Londres, juin 2007 © AI
Des manifestants demandent la libération d'Aung San Suu Kyi. Londres, juin 2007 © AI

Myanmar L'opposition est exclue des élections

16 mars 2010
A l’approche des élections nationales au Myanmar, une nouvelle loi a été adoptée qui interdit à tous les prisonniers politiques, dont la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, maintenue en résidence surveillée, d’appartenir à un parti politique.

« Au Myanmar, pas moins de 2 200 personnes sont incarcérées pour des motifs politiques, la plupart simplement pour avoir exercé leurs droits de manière pacifique», a déclaré Benjamin Zawacki, spécialiste du Myanmar à Amnesty International. « Plutôt que d’adopter des lois qui les dépouillent davantage encore de leurs droits, les autorités du Myanmar doivent libérer immédiatement tous les prisonniers politiques, dont Aung San Suu Kyi, et lever les restrictions qui pèsent sur leurs activités politiques. »

Aung San Suu Kyi a déjà été écartée des élections par la Constitution de 2008, selon laquelle toute personne mariée à un ressortissant étranger ne peut se présenter en tant que candidate.

« Amnesty International redoute vivement que la répression contre les militants ne s’intensifie à l’approche des élections, a indiqué Benjamin Zawacki. Les autorités du Myanmar semblent déterminées à supprimer toute force politique défiant leur régime. »

Dans un rapport récent, intitulé «Il faut mettre fin à la répression contre les minorités ethniques avant les élections au Myanmar», Amnesty International a rendu compte des efforts systématiques déployés par le gouvernement pour museler les militants issus de la nombreuse population qui forme les minorités ethniques du pays.

« Les minorités ethniques jouent un rôle important, mais rarement reconnu, dans l’opposition politique au Myanmar », a indiqué Benjamin Zawacki. De nombreux militants ont déclaré à Amnesty International qu’ils avaient subi des mouvements de répression générale, comme cela a été le cas dans l’État d’Arakan et l’État kachin lors de la «révolution de safran» menée par des moines bouddhistes en 2007. Des témoins ont évoqué les homicides et les actes de torture dont ont été victimes des moines et d’autres personnes lorsque les forces de sécurité ont violemment réprimé les manifestations pacifiques dans ces États.

D’autres ont affirmé avoir été pourchassés à la suite d’actions spécifiques, telles que l’organisation d’une campagne visant à collecter des signatures afin d’empêcher la construction d’un barrage dans l’État kachin. Même la simple expression d’une opposition politique a été punie, comme lorsque des jeunes Karens ont été arrêtés pour avoir fait flotter sur un cours d’eau des petits bateaux portant l’inscription « Non » (au projet de constitution de 2008).

Plus de 2 100 prisonniers politiques, dont beaucoup sont issus de minorités ethniques, languissent dans les prisons birmanes, où les conditions sont déplorables. La plupart d’entre eux sont des prisonniers d’opinion, qui ont exprimé pacifiquement leurs convictions.