Myanmar La détention et l'emprisonnement politiques en quelques chiffres

Depuis 2011, plus de 1 100 prisonniers politiques ont été remis en liberté au Myanmar à la faveur de 20 grâces et amnisties présidentielles distinctes. Toutefois, au cours des deux dernières années – depuis 2014 – les autorités ont intensifié la répression contre l'exercice des libertés fondamentales et contre les opposants au régime.

Amnesty International a connaissance d'au moins 90 cas de prisonniers d'opinion actuellement derrière les barreaux. Plusieurs centaines d'autres défenseurs des droits humains et militants pacifiques sont en cours de jugement.

Figurent parmi les prisonniers d'opinion (liste non exhaustive) :

Ces chiffres sont probablement bien en deçà de la réalité.

Longues périodes de détention et d'emprisonnement

Les autorités du Myanmar inculpent souvent les militants de multiples «infractions» ou au titre de lois empêchant une libération sous caution, afin de les garder plus longtemps derrière les barreaux. Une autre méthode consiste à juger les militants pour une même «infraction» commise dans plusieurs municipalités différentes, ce qui accroît de façon exponentielle la peine prononcée contre eux.

  • : nombre de municipalités dans lesquelles Naw Ohn Hla a été inculpée pour une même marche de protestation, ce qui implique qu'elle pourrait être condamnée six fois pour le même fait.
  • 70: nombre de personnes actuellement incarcérées qui ont été inculpées ou condamnées pour des infractions ne permettant pas une libération sous caution, ce qui signifie qu'elles risquent de passer ou ont déjà passé plusieurs mois ou plusieurs années en détention provisoire.
  • 13 ans et 10 mois : durée de la peine d'emprisonnement prononcée contre le militant Htin Kyaw. Le «crime» qui a motivé cette peine scandaleusement longue ? Avoir distribué des tracts critiquant le gouvernement et participé à une série de manifestations pacifiques.
Affaiblir les organisations ou des mouvements et entretenir la peur

Les autorités utilisent des infractions motivées par des considérations politiques pour affaiblir ou éliminer des mouvements d'opposition en ciblant leurs dirigeants ou en infligeant un «châtiment collectif» à un groupe de personnes.

  • Au moins 56 étudiants et sympathisants de mouvements étudiants sont actuellement détenus dans plusieurs prisons parce qu'ils ont participé ou apporté leur soutien à des manifestations organisées par des étudiants pour protester contre une nouvelle loi sur l'éducation. 
  • 17: nombre de professionnels des médias du Daily Eleven inculpés d'outrage à magistrat en raison d'un article publié au sujet de poursuites judiciaires engagées contre d'autres professionnels des médias.

Les procès politiques sont souvent très longs. Outre la privation de liberté, ces procès interminables ont souvent des effets destructeurs au quotidien pour les familles des personnes détenues.

  • 19: nombre de mois qui se sont écoulés depuis le début de la détention et du procès de l'avocat Zaw Win. Il a été arrêté en août 2014 après avoir manifesté seul et pacifiquement pour protester contre le manque d'impartialité de certains juges et demander un meilleur système judiciaire.

Les autorités utilisent la menace d'arrestation pour créer et entretenir un climat de peur parmi les militants et les défenseurs des droits humains. Elles recourent notamment à des pratiques consistant à infliger plusieurs mois voire plusieurs années de détention à des militants à la suite d'une manifestation.

  • Six ans après avoir organisé une cérémonie de prière pour appeler à la libération d'Aung San Suu Kyi et de tous les autres prisonniers d'opinion, Naw Ohn Hla a été condamnée à six mois d'emprisonnement pour avoir perturbé une cérémonie religieuse.
Mettre fin à la spirale des emprisonnements politiques

10 lois et dispositions répressives ont fréquemment été utilisées pour incarcérer des prisonniers d'opinion et des prisonniers politiques au cours des deux dernières années. Tant que ces textes resteront en vigueur, les arrestations et emprisonnements pour motifs politiques se poursuivront.

Le nouveau Parlement du Myanmar compte plus de 122 anciens prisonniers politiques. Le pays dispose donc d'une occasion unique de modifier ces lois. 

0 : nombre de réunions tenues en 2015 par la nouvelle Commission chargée des affaires relatives aux prisonniers d’opinion ; cet organe devait apporter une lueur d'espoir aux personnes jetées en prison, mais en pratique elle n'a guère été utile.