Hpar Wat Chaung, au nord du Myanmar. Entre le 16 et le 22 septembre 2017, le village a été complètement rasé. © 2017 DigitalGlobe, Inc. Source: USG, NextView License
Hpar Wat Chaung, au nord du Myanmar. Entre le 16 et le 22 septembre 2017, le village a été complètement rasé. © 2017 DigitalGlobe, Inc. Source: USG, NextView License

Myanmar Villages rohingyas ravagés par de nouveaux incendies

22 septembre 2017
Des incendies ont été allumés par des membres des forces de sécurité birmanes et des milices locales. La campagne de violence contre les Rohingyas dans le nord de l'État d’Arakan ne connaît aucun ralentissement.

Amnesty International a examiné trois nouvelles vidéos prises vendredi après-midi dans l'État d’Arakan, qui révèlent de grands panaches de fumée provenant de villages rohingyas, dont l'un déjà déserté, ainsi que des images satellite sur lesquelles de la fumée est visible au-dessus de structures carbonisées.

Selon des sources locales du nord de l'État d’Arakan, ces incendies ont été allumés par des membres des forces de sécurité birmanes et des milices locales.

«Ces preuves accablantes venues du terrain et de l'espace contredisent les propos d'Aung Suu Kyi quand elle affirme au monde que ce qu'elle a qualifié d’«opérations de nettoyage» dans l'État d’Arakan a pris fin le 5 septembre», a déclaré Tirana Hasan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International.

«les autorités semblent vouloir s'assurer que les Rohingyas n’auront pas d’endroit où revenir.»Tirana Hasan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International

«Près de trois semaines plus tard, nous pouvons voir en temps réel que la campagne de violence contre les Rohingyas dans le nord de l'État d’Arakan ne connaît aucun ralentissement. Des habitations et des villages rohingyas continuent à brûler, avant, pendant et après la fuite de leurs habitants terrorisés. Non contentes de chasser les Rohingyas de leurs foyers, les autorités semblent vouloir s'assurer qu'ils n’auront pas d’endroit où revenir.»

«Il n’est plus temps d’accorder au leadership militaire et politique du Myanmar le bénéfice du doute. La communauté internationale doit condamner catégoriquement la situation, et prendre des mesures efficaces pour mettre fin à cette campagne d’épuration ethnique et soumettre les auteurs présumés à l’obligation de rendre des comptes.

Sur une vidéo prise le 21 septembre à proximité du village de Hpar Wat Chaung (nord de la municipalité de Maungdaw), on voit des terres agricoles au premier plan et un grand panache de fumée provenant d'un village situé au milieu d'un ensemble d’arbres. Un habitant a indiqué à Amnesty International que la Police aux frontières birmanes (BGP) et des milices avaient allumé les incendies au début de l’après-midi, et que d'autres opérations du même ordre avaient eu lieu le soir même.

Amnesty International a examiné des images satellite de Hpar Wat Chaung prises entre le 16 et le 22 septembre. De la fumée est encore visible sur le cliché le plus récent, qui montre clairement que le village a été incendié et que des bâtiments encore debout quelques jours plus tôt ont été réduits en cendres. De plus, des capteurs satellitaires ont détecté un incendie récemment actif dans le village, autre preuve des événements.

Deux autres vidéos, prises sous des angles différents aux environs du village de Nga Yant Chaung (municipalité de Buthidaung), montrent le village en flammes vendredi après-midi. Des militants, dont une source dans l'État d’Arakan, ont indiqué à Amnesty International que les incendies avaient débuté entre 13 h 30 et 14 heures, heure locale.