Népal Esclavage des temps modernes

30 mai 2013
Une équipe d’Amnesty a voyagé à travers le Népal, dans le but est de documenter les discriminations liées au genre. Travail forcé, scolarisation inégale, manque d’accès aux soins: résumé d’une situation alarmante.

L’été est caniculaire dans le district de Kailali, au Népal. Avant la mousson, les terres sont arides, craquelées et poussiéreuses, et les températures dépassent les 45 °C. Même les écoles modifient leurs horaires pour éviter la période la plus chaude de la journée. Pourtant, des jeunes filles travaillent en plein soleil. Bon nombre d’entre elles sont des «kamlaris»: des filles de familles pauvres «vendues» comme travailleuses pour payer des dettes. Souvent, leurs conditions de vies s’apparentent à de la servitude. Certaines font également l’objet de trafic et d’exploitation sexuelle. En 2002, le gouvernement népalais a promulgué une loi abolissant la kamaiya, «libérant» officiellement de nombreuses kamlaris. Pourtant, beaucoup d’entre elles continuent de travailler dans ces conditions, et ces pratiques perdurent.

Certaines filles que nous avons rencontré étaient des kamlaris «libérées» qui allaient dans une école gouvernementale. «Quand nous n’avons pas de travail à la maison, nous allons travailler chez d’autres personnes», nous a raconté l’une d’elles, qui a décrit les employeurs comme des «agriculteurs qui possèdent des terres et sont plus riches». Chez ces derniers, les écolières coupent et battent des plants de riz, mélangent et portent du ciment, et aident à construire des bâtiments. Elles sont actuellement payées 150 roupies népalaises (soit un peu plus d’un euro) par jour. «Nous faisons nos devoirs pendant trois à quatre heures par jour, mais nous n’allons pas travailler les jours d’école», ont-elles ajouté.

Les pratiques sociales discriminatoires, telles que le mariage et les grossesses précoces, les lourdes charges de travail (plus particulièrement après un accouchement) et les violences domestiques, y compris les viols conjugaux, augmentent les risques de prolapsus utérin. Cette pathologie curable survient lorsque les muscles pelviens n’arrivent plus à maintenir l’utérus, provoquant la «descente» de cet organe. D’après les données officielles, entre 7 et 37 % de Népalaises souffrent de prolapsus utérin. Notre discussion avec ces jeunes filles nous a permis d’obtenir des renseignements précieux sur le rôle des écoles en matière de sensibilisation et d’information concernant la santé reproductive, ce qui constitue peut-être une première étape pour empêcher cette pathologie qui peut être évitée.