Des militants, des personnalités politiques et des leaders étudiants comptent parmi les victimes de disparitions forcées, d'enlèvements, d'arrestations arbitraires, d'actes de torture et d'autres mauvais traitements. Les violences se déroulent dans un climat de troubles politiques croissants et d’opérations de l’armée pakistanaise au Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays.
«Le gouvernement pakistanais doit prendre immédiatement des mesures afin que justice soit rendue lors même que la liste des atrocités commises au Baloutchistan s’allonge, a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Les dirigeants et militants politiques baloutches sont clairement visés et le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour enrayer cette évolution alarmante.»
Parmi les dernières victimes figurent Faqir Mohammad Baloch et Zahoor Baloch, dont les cadavres ont été découverts dans le district de Mastung le 21 octobre 2010. Faqir Mohammad Baloch, poète et membre de la Voix des Baloutches disparus, a été enlevé le 23 septembre. Zahoor Baloch, membre de l’organisation étudiante baloutche BSO-Azad, a été enlevé le 23 août. D’après les médias, tous deux ont été tués d’une seule balle, tirée à bout portant dans la tête, et leurs corps présentaient des signes de torture.
La découverte des cadavres des deux hommes reflète une vague d’opérations consistant à tuer et à se débarrasser du corps de la victime. Au Baloutchistan, il est de plus en plus fréquent de retrouver les corps criblés de balles des personnes kidnappées, dont beaucoup présentent des signes de torture. Auparavant, il était rare de retrouver les dépouilles des personnes disparues.
Parmi les victimes récentes, citons également Mir Nooruddin Mengal, membre du comité exécutif central du Parti national baloutche (BNP-M), abattu par des hommes non identifiés non loin de chez lui à Gharebabad, près de Kalat Bazar, le 13 octobre. Yasin Baloch, membre de la Voix des Baloutches disparus et frère de Mujeeb Baloch, haut responsable de BSO-Azad, qui avait lui aussi été kidnappé, a essuyé les tirs d’hommes non identifiés près de Roshare Kalat le 10 octobre.
Les proches des victimes et les militants accusent fréquemment les forces de sécurité et les services de renseignement pakistanais d’être responsables de ces atteintes aux droits humains. Une organisation jusqu’ici inconnue, Sipah-e Shuhada-e Balochistan, a également revendiqué la responsabilité de certains homicides.
«L’incapacité persistante du gouvernement pakistanais à prévenir les atteintes aux droits humains a été prise comme un encouragement par les auteurs de ces atrocités, a déploré Sam Zarifi. Il doit désormais démontrer qu’il a la capacité et la volonté d’enquêter sur les agissements du Corps de frontière et de l’armée pakistanaise, ainsi que des services de renseignement, accusés par beaucoup de n’être pas étrangers à ces événements.»
Pakistan Il faut enquêter sur les meurtres et les actes de torture ciblant des militants baloutches
27 octobre 2010
Le gouvernement pakistanais doit enquêter sur les actes de torture et les homicides qui ont touché plus de 40 dirigeants et militants politiques baloutches au cours des quatre derniers mois, a déclaré Amnesty International le 26 octobre 2010.