Darius Evangelista, un porteur de Manille, a été soupçonné d'avoir commis un vol. Amnesty International s'est procuré des documents judiciaires dans lesquels des témoins affirment avoir vu des policiers en civil emmener Darius au poste de police de Binondo, à Manille.
Cinq mois plus tard, en août 2010, une vidéo extrêmement choquante, vraisemblablement filmée à l'aide d'un téléphone portable, a été diffusée sur des chaînes de télévision nationales et étrangères. On y voit Darius, allongé nu sur le sol, hurler et se tordre de douleur tandis qu’un homme en chemise blanche, assis, tient à la main une ficelle attachée au pénis de la victime, sur laquelle il tire violemment à plusieurs reprises. D'autres personnes, dont des policiers en uniforme, assistent à la scène.
Face au scandale suscité dans les médias par la diffusion de cette vidéo, le Service des affaires internes de la Police nationale philippine a mené sa propre enquête. Dans ses conclusions, cette instance a blanchi tous les policiers soupçonnés d'être impliqués dans cette affaire, sauf trois. Un officier supérieur a été démis de ses fonctions en raison de sa responsabilité hiérarchique, les actes de torture ayant été commis lors des heures de service et/ou à l'intérieur de bâtiments officiels. Deux autres policiers, en charge au moment des faits, ont quant à eux été mis à pied pendant 60 jours. Le Service des affaires internes n'a pas entamé de procédure pénale, alors qu'il a entre autres pour mission de veiller à ce que des poursuites soient engagées contre les policiers soupçonnés d'avoir commis des infractions.
Avec l'aide de la Commission philippine des droits humains, la famille de Darius a porté plainte auprès du ministère de la Justice contre les auteurs présumés. Dans un arrêté en date du 22 août 2011, le procureur du ministère de la Justice a estimé qu'il existait des éléments suffisants pour engager des poursuites pénales pour actes de torture contre sept policiers et d'autres personnes impliquées. Cinq ans après que l'affaire a été déférée devant un tribunal, quatre accusés se sont rendus d'eux-mêmes aux autorités ou ont été arrêtés. Ils ont tous plaidé non coupable. Trois autres suspects sont toujours en liberté. Un procès est en cours.