Des enfants dans le camp de Manik Farm (district de Vavuniya, nord du Sri Lanka, mai 2009).  © AI
Des enfants dans le camp de Manik Farm (district de Vavuniya, nord du Sri Lanka, mai 2009). © AI

Sri Lanka Ouvrez les camps

22 septembre 2009
Malgré la fin des combats, les autorités sri-lankaises ne répondent toujours pas comme il se doit aux besoins des centaines de milliers de personnes déplacées. Les camps sont surpeuplés et insalubres. Nombre de ces personnes voient leurs droits fondamentaux restreints.

Ces camps sont devenus des camps de détention de facto. Ces lieux sont dirigés par l'armée, et les personnes qui y résident ne sont pas autorisées à les quitter. De plus, elles ne bénéficient pas des garanties juridiques les plus fondamentales. Le gouvernement affirme qu'il est obligé de maintenir ces personnes enfermées afin de procéder au filtrage, mais ce motif ne justifie par la détention de civils parmi lesquels figurent des familles entières, des personnes âgées et des enfants pendant une durée indéterminée.

Les autorités empêchent même les personnes déplacées de parler aux travailleurs humanitaires. En l'absence d'observateurs indépendants pouvant visiter les camps librement, de nom-breux résidents de ceux-ci ne sont pas protégés et risquent d'être victimes de disparitions forcées, d'enlèvements, d'arrestations arbitraires et de violences sexuelles.

 

Ouvrez les camps au Sri Lanka. © AI

50 000 enfants

Selon les chiffres fournis par le gouvernement, plus de 409 000 personnes ont été déplacées par les affrontements entre l'armée sri-lankaise et les Tigres libérateurs de l'Eelam tamoul (LTTE). Au moins 280 000 d'entre elles ont dû quitter des zones auparavant contrôlées par les LTTE. Un afflux considérable de population fuyant les combats pour se réfugier dans les zones contrôlées par les autorités a eu lieu à partir de mars 2009. Les personnes déplacées, parmi lesquelles se trouvent au moins 50 000 enfants, sont logées dans 41 camps répartis sur quatre districts. La majorité sont dans le district de Vavuniya, où le plus grand camp est celui de Manik Farm.

Lorsque le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a visité certains camps en mai, il a déclaré : « J'ai voyagé dans le monde entier et visité des endroits similaires, mais je n'ai jamais vu de scènes aussi effroyables. »

Bien que certains progrès aient été réalisés dans la satisfaction des besoins essentiels, il reste encore beaucoup à faire en matière de droit à la santé, à la nourriture et à l'eau, ainsi que pour réunir les familles et permettre aux personnes d'entrer en contact avec leurs proches.

Accès des ONG limité

Amnesty International a également demandé au gouvernement du Sri Lanka de mettre fin aux restrictions de la liberté de mouvement, de veiller à ce que les camps soient réellement de nature civile et dirigés par des autorités civiles plutôt que sous la surveillance de l'armée, et de permettre sans délai ni restrictions aux organisations et observateurs nationaux et internationaux, y compris aux organismes d'aide humanitaire, d'y accéder afin de suivre la situation et empêcher de ce fait que de nouvelles violations des droits humains ne soient commises.

Le 21 mai, le gouvernement sri-lankais a indiqué que les personnes déplacées seraient réins-tallées sous cent quatre-vingts jours. Cependant, rares sont celles jusqu'à présent qui ont été autorisées à regagner leur domicile ou à rejoindre des amis ou de la famille ailleurs, et les per-sonnes qui restent dans les camps ne sont pas libres de quitter ceux-ci. Amnesty International appelle le gouvernement du Sri Lanka à cesser de maintenir des personnes de force dans des camps, car cet acte s'apparente à une détention arbitraire. Il doit permettre aux personnes qui ont besoin d'être hébergées temporairement dans ces structures d'aller et venir librement.

Agir sur Internet

Avec l'assistance et le soutien de la communauté internationale, ainsi que la participation des personnes déplacées, le gouvernement sri-lankais doit établir des critères et des délais précis afin que ces personnes puissent retourner chez elles en sécurité, ou bien trouver dès que possible d'autres solutions durables (telles que le relogement).

Dans le cadre de la campagne « Ouvrez les camps », Amnesty International diffuse sur Facebook une vidéo dans laquelle elle demande au gouvernement du Sri Lanka de permettre la liberté de mouvement, et à celui de l'Inde d'assurer le suivi de l'aide promise au gouvernement sri-lankais et de faire pression pour que la gestion des camps de personnes déplacées soit immédiatement transférée de l'armée aux autorités civiles.