Depuis 2011, Amnesty demande l'ouverture d'une enquête indépendante sur les crimes commis au Sri Lanka. © AI
Depuis 2011, Amnesty demande l'ouverture d'une enquête indépendante sur les crimes commis au Sri Lanka. © AI

Sri Lanka Echec cuisant pour les Nations unies

15 novembre 2012
D’après leur propre rapport, les Nations unies ont échoué dans leur mission de protection des civils lors du conflit armé qui a ravagé le Sri Lanka. Amnesty International réitère à cette occasion son appel en faveur d’une enquête indépendante sur les crimes de guerre présumés commis par l’armée sri-lankaise et les Tigres libérateurs de l'Eelam tamoul (LTTE).

Le rapport du Groupe d’experts nommés pour examiner l’action de l’ONU au Sri Lanka porte une grave accusation contre l’action de l’ONU lors du conflit armé. Il porte sur une période du conflit où de très graves violations du droit international ont probablement été commises et où une action efficace de l’ONU aurait peut-être pu permettre d’en éviter certaines.

Le rapport décrit un scénario où les représentants de l’ONU ont à plusieurs reprises manqué à leurs obligations envers les civils qu’ils étaient censés protéger ; s’efforçant d’apaiser les autorités sri-lankaises désireuses de restreindre l’espace humanitaire, ils ont ignoré ou minimisé la multiplication des éléments de preuve recueillis par leur propre personnel faisant état de crimes de guerre.

«Hélas, ce rapport confirme les allégations pointant du doigt l’échec de l’ONU qui circulent depuis la fin du conflit, en mai 2009», a indiqué José Luis Díaz, directeur du bureau d’Amnesty International auprès de l’ONU à New York. «Nous espérons que les conclusions énergiques de ce rapport contribueront à améliorer la réponse de l’ONU et de la communauté internationale s’agissant de protéger les civils en temps de guerre, et à réformer les systèmes de secours défaillants.»

Le présent rapport sur l’action de l’ONU au Sri Lanka décrit de façon très réaliste les conditions endurées par les civils et les employés de l’ONU. Il explique comment ils ont été pris au piège dans la région des combats, victimes d’attaques menées par les deux camps. Toutefois, l’ONU a supprimé les informations relatives aux violations du droit humanitaire, particulièrement celles commises par les forces sri-lankaises. Des dizaines de milliers de civils sri-lankais auraient été tués lors d’actions menées sans discrimination par les combattants.

Selon les témoignages de victimes recueillis par Amnesty International, les deux camps ont délibérément tué et mis en danger des civils.

Mettre enfin un terme à l’impunité au Sri Lanka

Ce rapport doit aider à recentrer l’attention de la communauté internationale sur le grave problème que constitue l’impunité au Sri Lanka.

« Ce rapport est un signal d’alarme pour les États membres de l’ONU qui ne se sont pas suffisamment battus pour qu’une enquête internationale indépendante soit menée sur les crimes de guerre imputables aux forces armées et aux LTTE durant la dernière phase du conflit. Il illustre clairement l’absence de volonté du gouvernement sri-lankais de protéger les civils et de rendre des comptes pour les très graves violations perpétrées. Rien n’indique que cela ait changé», a poursuivi Jose Luis Díaz.

Plus de trois ans après, aucune enquête impartiale n’a été menée sur ces crimes présumés relevant du droit international et les responsables présumés de ces agissements n'ont pas été traduits en justice.

Cet échec établit un dangereux précédent, car il revient à dire que les États n’ayant pas ratifié le Statut de Rome, comme le Sri Lanka, sont hors de portée de la justice internationale et que l’on peut fermer les yeux sur les crimes commis au nom de la «lutte contre le terrorisme».