«Le nombre de personnes disparues au Sri Lanka est stupéfiant. Le gouvernement doit cesser de faire des promesses creuses. Au lieu de cela il doit, une fois pour toutes, ouvrir des enquêtes en bonne et due forme sur les dizaines de milliers de cas de disparition forcée», a déclaré Yolanda Foster, spécialiste du Sri Lanka à Amnesty International.
Cette année, la Journée internationale des personnes disparues coïncide avec la visite de Navi Pillay, la haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU (du 25 au 31 août 2013). Navi Pillay doit rencontrer des proches parents de certains des disparus.
Amnesty International a rassemblé des informations sur un grand nombre de nouveaux cas de disparition forcée au Sri Lanka. Ces études n'ont encore jamais été rendues publiques. Du matériel photographique et d'autres informations sur ces cas peuvent être obtenus sur demande.
Des commissions indépendantes?
Le 26 juillet 2013, le gouvernement du Sri Lanka a annoncé la création d'une commission présidentielle chargée d'enquêter sur les disparitions forcées des dernières années du conflit (1990-2009), mais d'aucuns se demandent dans quelle mesure cette commission est indépendante du gouvernement.
Des commissions similaires mises sur pied dans le passé n'ont réalisé que très peu de choses, et certaines d'entre elles étant étroitement liées aux autorités, leur indépendance s'en est trouvée compromise. Dix commissions sur les disparitions ont été créées depuis le début des années 1990, mais leurs recommandations n'ont en général pas été mises en œuvre. En outre, rares sont les auteurs présumés de disparition forcée qui ont été poursuivis en justice parmi tous ceux que ces commissions ont identifiés.
Arrestations et détentions facilitées
En 2009, durant les violences des derniers mois du conflit armé, des milliers de personnes ont disparu après avoir été arrêtées ou capturées par les forces de sécurité sri-lankaises ou enlevées par les Tigres tamouls. Un très petit nombre de ces cas ont été résolus, et des familles et autres personnes qui ont tenté de prendre des mesures correctives auraient subi des manœuvres flagrantes d'intimidation.
La Loi relative à la prévention du terrorisme (PTA) confère aux forces de sécurité des pouvoirs étendus leur permettant d'arrêter des opposants présumés au gouvernement et de les détenir pour de longues durées à l'isolement, sans inculpation ni procès. Ce mode de détention crée des conditions favorisant la mort en détention, la disparition forcée et la torture.
Des victimes et des proches de victimes ont eu à surmonter d'énormes difficultés dans leurs démarches pour obtenir réparation. Plusieurs centaines de proches de victimes ont déposé des requêtes en habeas corpus pour tenter de retrouver des détenus «disparus», mais la procédure s'est révélée lente et inefficace.