Viêt-Nam La condamnation de blogueurs vise à étouffer la liberté d'expression

25 septembre 2012
Au Viêt-Nam, trois blogueurs accusés de propagande contre l'État ont été condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement. Leur procès n'a duré que quelques heures. Ces condamnations ne sont rien d'autre qu'une tentative révoltante de bâillonner la dissidence dans le pays, a déclaré Amnesty International.

120925_Dieu Cray.jpg Le bloggeur Nguyen Van Hai, connu sous le nom de Dieu Cay © Third party

Nguyen Van Hai, connu sous le nom de Dieu Cay («la pipe du paysan») a été condamné à 12 ans d'emprisonnement ; l'ancienne policière Ta Phong Tan à 10 ans ; et Phan Thanh Hai, alias AnhBaSaiGon, à quatre ans.

«Ces peines choquantes viennent confirmer nos pires craintes : les autorités vietnamiennes ont décidé de punir ces blogueurs pour l'exemple, dans le but de réduire d'autres voix au silence», a déclaré Rupert Abbott, chercheur sur le Viêt-Nam à Amnesty International.

«Les condamnations mettent en évidence la situation catastrophique de la liberté d'expression au Viêt-Nam, une situation qui continue de se dégrader.»

Selon certaines informations, Nguyen Van Hai a tenté de faire une déclaration devant le tribunal pour parler du droit à la liberté d'expression et de la colère qu'il ressent face à l'injustice et à la corruption qui règnent au Viêt-Nam, mais son micro a été coupé.

Les trois blogueurs ont été condamnés au titre de l'article 88 du Code pénal vietnamien pour «propagande» contre l'État. Ils devront purger, à l’issue de leurs longues peines d'emprisonnement, entre trois et cinq ans d'assignation à domicile.

Les proches des bloggeurs sont également touchés

Un certain nombre de proches et de défenseurs des trois blogueurs – dont l'épouse de Nguyen Van Hai ; les sœurs de Ta Phong Tan ; et les militants des droits humains Pham Ba Hai et Lu Thi Thu Trang – ont été interpellés, de manière à ce qu'ils ne puissent assister au procès. Certains ont été placés en détention. La plupart ont été remis en liberté un peu plus tard – on ne dispose toutefois pas d'information sur le sort qui a été réservé aux deux sœurs de Ta Phong Tan.

«Amnesty International va se mobiliser fortement pour obtenir la libération des trois blogueurs, que nous considérons comme des prisonniers d'opinion. Nous demandons par ailleurs aux autorités vietnamiennes de garantir la sécurité de leurs proches et de leurs amis,» a conclu Rupert Abbott.