Do Thi Minh Hanh, 28 ans, a été remise en liberté jeudi 26 juin 2014 par les autorités vietnamiennes et est arrivée chez elle dimanche 29 juin. Elle a été condamnée à sept ans de prison en 2010 pour «propagande contre l'État», après avoir distribué des tracts de soutien aux travailleurs, réclamant de meilleurs salaires et conditions.
«Nous sommes bien sûrs ravis que Do Thi Minh Hanh ait été libérée, mais elle n'aurait jamais dû être emprisonnée pour commencer. Condamner une personne à sept ans de prison pour avoir distribué des tracts est insensé, et en dit long sur la répression menée de longue date par les autorités vietnamiennes contre les dissidents », a déclaré Rupert Abbott, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d'Amnesty International.
«Les autorités vietnamiennes doivent désormais continuer dans cette direction, et libérer immédiatement et sans condition toutes les autres personnes emprisonnées pour avoir simplement exercé de manière pacifique leurs droits humains.»
Conditions de détention difficiles
Do Thi Minh Hanh a souffert de conditions de détention difficiles et a été fréquemment frappée par des codétenues, sans que les gardiens ne fassent rien pour mettre fin à ces abus. Elle a été privée des soins médicaux dont elle avait besoin et serait en mauvaise santé.
Plusieurs autres prisonniers d'opinion ont été relâchés au Viêt-Nam ces derniers mois, notamment Cu Huy Ha Vu, spécialiste du droit, Nguyen Tien Trung, blogueur et militant en faveur de la démocratie, Vi Duc Hoi, auteur, et Dinh Dang Dinh, un enseignant mort peu après sa libération.
Les autorités vietnamiennes continuent à utiliser lois et décrets pour ériger en infraction l'exercice de la liberté d'expression, et répriment sévèrement la dissidence depuis quelques années. Dans un rapport publié en 2013, Amnesty International a recensé des dizaines de prisonniers d'opinion se trouvant actuellement derrière les barreaux dans le pays.
À part Do Thi Minh Hanh, au moins quatre autres femmes sont actuellement emprisonnées pour «propagande contre l'État», une «infraction» vague invoquée par le gouvernement pour punir les militants pacifiques.
D'autres femmes restent détenues
Figurent parmi celles-ci Ho Thi Bich Khuong, une militante non violente condamnée à cinq ans d'emprisonnement en décembre 2011, et Ta Phong Tan, cofondatrice du Club des journalistes vietnamiens libres, condamnée à dix ans de prison en septembre 2012. La famille de Ho Thi Bich Khuong affirme qu'elle a été frappée en prison par d'autres détenues et qu'elle n'a pas reçu de soins pour ses blessures. La mère de Ta Phong Tan est morte après s’être immolée par le feu en juillet 2012, désespérée par le traitement réservé à sa fille.
Au moins deux autres femmes purgent chacune une longue peine de prison, après avoir été déclarées coupables de tentative de «renversement» du gouvernement : Nguyen Dang Minh Man, militante catholique en faveur des droits sociaux, et Tran Thi Thuy, militante en faveur des droits à la terre. Elles sont toutes deux accusées d'être associées à Viet Tan, un groupe basé à l'étranger œuvrant à l'établissement de la démocratie au Viêt-Nam.
«Le gouvernement vietnamien doit abroger la législation draconienne qu'il continue à utiliser pour sanctionner l'opposition non violente», a déclaré Rupert Abbott.
«Ce n'est qu'à ce moment-là et lorsqu'il libèrera ceux qu'il a emprisonnés pour avoir fait état de leur opinion, que le pays commencera à perdre sa réputation de l'un des pires auteurs d'atteintes à la liberté d'expression en Asie du Sud-Est.»