Rendue le même jour, une décision judiciaire inattendue a ordonné la libération du militant et prisonnier d’opinion Elnur Majidli, qui purgeait une peine de deux ans d’emprisonnement après avoir été arrêté lors d’une manifestation non autorisée dans la capitale Bakou le 2 avril 2011.
Les prisonniers incarcérés dans le cadre des manifestations antigouvernementales de 2011 ont fait serment de poursuivre leur grève de la faim jusqu’à la fin du concours Eurovision de la chanson 2012, qui se déroule à Bakou à la fin du mois de mai 2012.
«Amnesty International se félicite vivement de la libération d’Elnur Majidli, mais les autorités azerbaïdjanaises doivent maintenant libérer sans délai ni condition les 13 prisonniers d’opinion encore derrière les barreaux, a indiqué John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
«Lorsque des spectateurs du monde entier vont regarder l’Eurovision fin mai 2012, la manière la plus convaincante pour l’Azerbaïdjan de se présenter comme une nation moderne et progressiste sera de mettre un terme à la répression de la liberté d’expression.»
Libération surprise d'Elnur Majidli
D’après Elnur Majidli, le tribunal de district de Khazar, à Bakou, a répondu à sa demande de libération lors d’une audience qui s’est tenue dans sa prison mardi 15 mai 2012. Son avocat n’y était pas présent, ce qui a débouché sur la remise en liberté du militant.
S’adressant à un journal de l’opposition, Elnur Majidli a déclaré que la décision était inattendue et qu’il avait été libéré sans condition – il doit toutefois finir de purger sa peine de deux ans d’emprisonnement.
13 prisonniers d'opinion toujours derrières les barreaux
Les 11 grévistes de la faim maintenus derrière les barreaux depuis les manifestations de 2011 sont Arif Hajili, Shahin Hasanli, Sahib Karimov, Mahammad Majidli, Babek Hasanov, Tural Abbaslý, Rufat Hajibaili, Ulvi Guliyev, Vidadi Isgandarov, Zulfuqar Eyvazov et Ahad Mammadli.
Certains de leurs proches ont eux aussi entamé une grève de la faim en signe de solidarité. Outre les grévistes de la faim, six autres prisonniers d’opinion – dont Bakhtiyar Hajiyev, qui a lui aussi pris part aux manifestations de 2011 – se trouvent toujours derrière les barreaux.
Des membres de l’opposition prévoient d’organiser un rassemblement non autorisé dans le centre de Bakou les 19 et 20 mai 2012, avant la finale de l’Eurovision. La mairie de Bakou n’a pas encore répondu à leur requête.
Violences policières avérées
Lundi 14 mai 2012, la police à Bakou a violemment dispersé deux manifestations pacifiques dans le centre de la ville, et interpellé 18 organisateurs et opposants.
Comme lors de précédents rassemblements, les manifestants réclamaient la libération des prisonniers d’opinion et la levée des restrictions imposées à la liberté d’expression et de réunion à Bakou.
«Les autorités municipales de Bakou doivent cesser d’interdire les manifestations pacifiques et donner leur feu vert aux rassemblements prévus pour le week-end prochain, a estimé John Dalhuisen.
«Leurs tentatives visant à serrer la vis aux dissidents sont vouées à l’échec alors que les projecteurs du monde entier vont se braquer sur l’Azerbaïdjan pendant l’Eurovision.»
Journalistes et militants visés par le gouvernement
Au cours des derniers mois, Amnesty International a recueilli des informations sur la manière dont les autorités du pays ont à maintes reprises pris pour cibles des personnes en raison de leur travail de journaliste ou de leur militantisme pacifique.
Au mois de mars 2012, la journaliste d’investigation bien connue Khadija Ismayilova a reçu une lettre la menaçant de publier des photos intimes si elle n’abandonnait pas son travail. Elle a refusé et dénoncé cette tentative de chantage; une vidéo présentant ses ébats sexuels a alors été postée sur un faux site miroir du principal parti d’opposition azerbaïdjanais.
En avril 2012, des agents de l’État et des policiers ont roué de coups le journaliste Idrak Abbasov alors qu’il couvrait une expulsion forcée en périphérie de Bakou.
Enfin, en mai 2012, l’étudiant militant Jabbar Savalan était enrôlé dans l’armée alors qu’il était exempté du service militaire, ce qui fait craindre qu’il n’ait été visé en raison de ses actions militantes pacifiques.