Des élections présidentielles à l’ombre de violations de droits humains

21 décembre 2010 - modifié le 23 décembre 2010
Le 19 décembre 2010, des élections se sont tenues en Biélorussie. L’autocratique président actuel,  Alexander Lukaschenko, s’est vu confier un nouveau mandat. Amnesty International met en lumière la situation des droits humains dans ce pays, le dernier pays européen à appliquer la peine de mort. Elle participe à une pétition en ligne mondiale.

Sur fond d’élections présidentielles du 19 décembre 2010, Amnesty International dénonce les larges violations de droits humains dont le régime du président Lukaschenko est responsable. L'organisation a condamné la violente dispersion d’une manifestation pacifique et l'arrestation des opposants. Communiqué et Action urgente

Liberté d’expression

Malgré l’existence de deux nouveaux journaux indépendants (Narodnaya Volya et Nasha Niva), la majorité de la presse ainsi que les médias électroniques restent sous contrôle étatique. La distribution des journaux est aussi soumise au monopole de l’Etat. De ce fait, les conditions préalables pour des élections justes et équitables ne peuvent qu’être absentes.

Amnesty International appelle les autorités biélorusses à lancer une enquête efficace et indépendante sur les circonstances de la mort de Aleh Byabenin. Le fondateur du site internet indépendant  «Charta 97» et collègue du candidat à la présidence de l’opposition Andrei Sannikov a été retrouvé pendu le 3 septembre 2010. Sans qu’aucune autopsie n’ait été réalisée, les autorités ont déclaré qu’il s’agissait d’un suicide. Des parents et ami·e·s d’Aleh Byabenin ont exprimé de grands doutes à ce sujet, car celui-ci aurait auparavant reçu des menaces anonymes.

Le 1er juillet 2010, un décret du président est entré en vigueur. Son but : «améliorer» l’utilisation d’internet. Il oblige, entre autres, les cafés internet à ficher l’identité des utilisatrices et utilisateurs et exige de lister les sites internet visités. En outre, les autorités gardent les pleins pouvoirs en ce qui concerne la restriction de l’accès à des informations qu’elles désirent censurer.

Liberté de réunion

Le droit de manifester pacifiquement continue d’être fortement restreint: une loi très restrictive concernant tous les «évènements publics» interdit toute action dans un rayon de 200 mètres autour des stations de métro et de bus ainsi que des passages piétons. En invoquant cet article de loi, les autorités de Minsk ont notamment empêché la marche slave pour les droits des lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, et transsexuel·le·s (Gay-Pride) qui avait été planifiée pour le 15 mai 2010.

Il existe toujours des rapports sur l’emploi démesuré de la violence lors de la dissolution des manifestations pacifiques, ainsi que sur l’arrestation de manifestant·e·s pacifiques.

Amnesty International s’engage également pour trois jeunes activistes qui ont été dénoncé·e·s lors d’une manifestation pacifique contre les lois d’imposition: Tatyana Tishkevich, Alyaksei Bondar et Mikhail Kryvau ont alors fui à l’étranger et ont été condamné·e·s, par contumace, à trois ans de prison. Tatyana Tishkevich a été exclue de l’université.

Peine de mort

La Biélorussie est le dernier pays européen à appliquer la peine de mort. En mars de cette année, Vasily Yuzepchuk et Andrei Zuk ont été exécutés à la suite d’un procès inéquitable où ils ont été déclarés coupables d’un sextuple assassinat. Trois autres hommes se trouvent en ce moment dans le couloir de la mort et attendent leur exécution par fusillade.

Procès inéquitable et torture

Même 19 ans après la chute de l’Union soviétique, la Biélorussie a conservé un grand nombre d’éléments répressifs du système pénal soviétique. Amnesty International a reçu à ce sujet des rapports, selon lesquels des aveux soutirés par la torture et des mauvais traitements ont été utilisés comme aveux de culpabilité devant le tribunal. Le Parquet de Minsk refuse ainsi de prendre en considération les  afffirmations de Pavel Levshin: ce dernier accuse la police de l’avoir ligoté dans une position extrêmement douloureuse, de l’avoir battu avec des matraques et des bouteilles d’eau et de l’avoir presque étouffé avec des sacs plastiques.

Défenseuses et défenseurs des droits humains

En janvier 2009, l’organisation des droits humains «Vyasna» (printemps) a demandé, pour la troisième fois, d’être inscrite dans un registre officiel, condition préalable pour pouvoir exercer une activité légale. Cette requête lui a de nouveau été refusée sous prétexte que le nom de l’organisation n’aurait pas été spécifié sur un document, que le processus électoral pour le ou la président·e et le secrétariat n’aurait pas été suffisamment bien défini et que le bureau serait trop rempli. Amnesty International estime qu’il s’agit d’un refus motivé par des questions politiques.

Amnesty International lance une pétition en ligne pour les organisations des droits humains biélorusses et internationales: participez avec nous et recommandez au président biélorusse l’abolition de la peine de mort et le respect absolu du droit à la liberté.