La nouvelle arrestation de Stankovic est un événement important pour les victimes de ses crimes. Dans le même temps, le fait qu’il soit resté en cavale pendant si longtemps souligne les lacunes systématiques des efforts déployés par le système judiciaire de Bosnie-Herzégovine en vue de remédier à l’impunité.
Pendant près de cinq ans, alors que Radovan Stankovic était en fuite, de nombreuses victimes de viol et d’autres formes de violences sexuelles vivaient dans la peur. Sa fuite leur a infligé un nouveau traumatisme et a découragé beaucoup d’entre elles de témoigner, par peur pour leur sécurité.
De nombreux criminels toujours en liberté
Plus de 16 ans après la fin du conflit, de nombreux auteurs de crimes relevant du droit international, notamment de viol et d’autres crimes de nature sexuelle, sont toujours en liberté. Certains vivent dans les mêmes quartiers que leurs victimes.
La mise en œuvre de la Stratégie nationale de poursuite des crimes de guerre est retardée. À ce jour, moins de 50 cas de viol et d’autres crimes de violence sexuelle ont été traités par la Cour d’État de Bosnie-Herzégovine et les tribunaux des entités et du district de Brčko.
Aujourd’hui, la Bosnie-Herzégovine manque encore d’un centre de détention au niveau de l’État qui puisse accueillir des prisonniers reconnus coupables de graves infractions, notamment de crimes commis dans le cadre du conflit. Radovan Stankovic aurait été transféré dans la même prison que celle d’où il s’était évadé en 2007 avec l’aide et le soutien du personnel carcéral.
Des prisons sûres sont essentielles pour mettre fin à l’impunité en Bosnie-Herzégovine et garantir que les victimes aient accès à la justice pour les crimes qu'elles ont subis durant la guerre. Elles sont également cruciales pour garantir que l’évasion de 2007 ne se reproduise pas.
Complément d'information: le viol comme arme de guerre
Le viol et d’autres formes de violence sexuelle étaient monnaie courante durant la guerre qui a ravagé la Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995. Bien que le conflit ait pris fin il y a plus de 16 ans, les gouvernements successifs n’ont marqué aucun empressement à traduire les responsables présumés en justice.
De nombreux auteurs de crimes de guerre de nature sexuelle continuent de vivre en toute impunité, souvent dans les mêmes quartiers que leurs victimes. Les survivantes de ces crimes souffrent de traumatisme, entre autres problèmes physiques et psychologiques. Elles ne reçoivent le plus souvent aucune aide psychologique et n’ont qu’un accès limité aux services de santé, tout particulièrement lorsqu’elles vivent dans des régions isolées. De nombreuses victimes sont au chômage, vivent dans la pauvreté et ne peuvent pas se payer de médicaments, même lorsqu’un médecin leur en prescrit.